Extrait du journal

« Vous avez donné la Charte ; vous avez le droit de la retirer. Par » votre naissance, par un droit qu'aucune puissance humaine ne » vous a donné, qu'aucune puissance humaine ne peut vous ôter, » vous êtes le juge des intérêts dé la nation, l'arbitre suprême de » ses libertés. Vous les étendezr vous les restreignez. Votre puis » sance est antérieure à la Chartey puisque la Charte est émanée » de vous. Elle lui est supérieure puisque seul vous l'avez faite, » seul vous t'avez octroyée, seul bus l'avez promulguée. Le droit » de souveraineté qui vous appartient par votre naissance est un » droit imprescriptible, inaliénable, que vous n'avez pu ni céder, » ni diminuer. » C'était là aussi de la logique ! Le principe absolu de la légitimité ne conduit pas à des conséquences logiques moins absurdes que le principe absolu de la souveraineté du peuple, qu'un principe absolu quelconque. 11 met les nations, leurs droits, leur honneur, leur indépendance sous les pieds, à la merci d'un tyran ou d'un fou; Que devait faire la Restauration? Résister aux conséquences ab surdes de son principe, opposer la logique du bon sens, la logique de l'expérience et des faits à cette folle logique qui va droit son chemin en ce monde, les yeux fermés , comme s'il n'y avait en ce monde ni gouffre, ni abîmes. La Restauration s'est réveillée à Cher bourg, et très logiquement elle estlallée régner à Prague. La logi que pure, c'est la loi des sciences exactes. Le bon sens, c'est la loi dç ce monde. Or le bon sens nous dit nous apprend qu'il y a des révolutions légitimes et glorieu§és comme il y en a d'insen sées et de funestes. Le bon sens nous dit, l'histoire nous apprend que les peuples sont quelquefois obligés de sauver leur honneur et leur liberté par une révolution, sans qu'il s'en suive de là qu'ils soient obligés, en vertu de la logique, de ne plus reconnaître d'au tres principes que l'insurrection, d'autre loi que la force. Le bon sens nous dit enfin, l'histoire nous apprend que la première chose que doit faire un gouvernement sage, c'est de se tenir en garde contre les conséquences de son propre principe. Il ne manquera jamais d'esprits étroits et violens pour essayer de l'entraîner de conséquence en conséquence, jusque daus l'abîme. C'est ce bon sens, comme l'a très bien dit, dans une éloquente et brève réplique, M. le ministre de 'instruction publique, qui fait la gloire de notre gouvernement. l*s partis s'agitent et munim real autour dè lui. Au nom de la logique, on le somme d'aller jusqu'à l'anarchie. Il résiste , et il fait bien. La dynastie de Char les X, par ses prétentions, s'est déclarée elle-même incompatible avec la liberté. Une fois la lutte engagée, Je pays, pour n'y plus revenir, l'a conduite jusqu'au bout : il a chassé la dynastie de Charles X. Mais il a su s'arrêter à temps ; il n'a pas chassé la mo narchie constitutionnelle, la monarchie héréditaire ; il l'a rétablie et formellement consacrée. Voilà la logique du bon sens ! Char les X avait poussé le principe de la légitimité jusqu'au despotisme. La France n'a pas poussé et ne poussera pas le principe de la li berté jusqu'à l'anarchie!. Cela déplaît aux logiciens de la république et de la dynastie déchue ! je le crois bien. Les uns nous appelleront des traîtres et des scélérats qui renient leurs principes et manquent à leurs promesses ; les. autres nous inviteront, d'une voix miel leuse , à être conséquens jusqu'à la Restauration, ou conséquens jusqu'à la république, et quelle république ! Ou les laissera dire ; le bon sens public est pour nous....