Extrait du journal

'* PARIS, 7 JANVIER. ! La discussion de l'Adresse avance; les votes de paragraphes se succèdent assez rapidement, et déjà nous avons à constater un fait assez singulier. C'est que l'Opposition qui, par ses principaux or ganes, avait donné d'abord une adhésion complète au projet d'A dresse de la commission, propose amendemens sur amendemens, tous écartés, il est vrai, par la majorité dt la Chambre. Ce n'est pas, pour nous servir d'une expression assez vulgaire, faire jusqu'au bout contre fortune bon cœur. L'intérêt de [la séance d'aujourd'hui devait s'attacher presque exclusivement à des questions de politique étrangère. Des discus sions incidentes et d'un ordre secondaire ont retardé ces débats, toujours attendus avec une si vive impatience, débats toujours favorables à la défense du système qui a dominé depuis trois ans nos relations extérieures. M. Bignon a pris le premier la parole. Membre de la commission d'Adresse, il a exprimé, au nom de ses collègues comme au sien, des opinions qui ont été accueillies sur tous les bancs de l'assem blée par un assentiment unanime. Quel progrès dans notre situation ! Quelle amélioration dans nos mœurs parlementaires, et par conséquent dans les conditions mêmes de notre existence politique! Toutes ces questions brûlantes, tous •ces principes qui portaient avec eux la paix ou la guerre, tout peut se dire, s'agiter, se débattre à la tribune, sans secousses intérieures, sans commotions au dehors. Tout le mopde sait si bien que la France est rentrée dans la plénitude de ses droits de grande nation, que personne ne s'inquiète aujourd'hui de l'usage légitime qu'elle fait à la clarté du jour de la discussion des intérêts commis à sa surveillance et à son contrôle; personne, excepté ceux qui savent compter pour ce qu'elle vaut la force d'une Chambre française qui pense et agirait au besoin comme son gouvernement. Nous rendons pleine et entière justice àla modération, à la dignité, à la convenance du discours prononcé par M. Bignon dans la séance de ce jour. Une revue x-apide et lumineuse de nos relations extérieures a réduit à trois les questions qui appellent plus particulièrement les regards du cabinet français : l'infraction manifeste portée aux stipulations de Vienne par l'annihilation de la constitution et de la nationalité polonaise ; l'impossibilité pour la France de souscrire à un système de protection qui préparerait pour la Russie l'envahissement du territoire ottoman , le droit de surveiller avec une égale sollicitude , et les atteintes portées aux Constitutions libres de l'Allemagne, et les distributions nouvelles de territoire qui menaceraient d'une nouvelle répartition de forces l'équilibre européen. Ce n'est pas la première fois que nous avons à exprimer nous même notre opinion sur ces graves matières : nous les avons toutes soumises à un sérieux examen; et parce que nous n'avons pas jeté...