Extrait du journal

On lit de temps en temps dans le Jour *nal officiel des décrets du Président de la République annulant des délibérations prises tantôt par des conseils d'arrondisse ment, tantôt par des conseils généraux. On ■comprend d'avance que ces délibérations portaient sur des sujets en dehors des at tributions de ces conseils, et que cette violation de la loi est l'unique cause de l'annulation. Aujourd'hui encore, nous voyons les trois conseils d'arrondissement d'Apt, de Garpentras et d'Avignon atteints par un décret en date du 2 novembre. Il se trouve naturellement des journaux pour protester au nom de la liberté. A moins cependant que l'on ne veuille confondre la liberté avec le désordre, nous ne saurions comprendre quel intérêt la liberté peut avoir à ce que les divers pouvoirs soient confondus de façon qu'ils puissent vala blement empiéter sur le terrain les uns des autres. Parmi les vœux plus ou moins politiques émis dans plusieurs des délibéra tions qui ont été annulées, il s'en trouve quel ques uns qui nous paraissent très raisonna bles et que nous soutiendrions très volontiers s'ils se produisaient à la Chambre ; mais un conseil général ou d'arrondissement n'est pas l'Assemblée Nationale qui siège à Ver sailles, en attendant le jour très prochain, mous l'espérons, où elle viendra siéger à Paris. Les conseils départementaux n'ont pas plus le droit de s'occuper des affaires qui sont'du ressort .de la Chambre législa tive, que celle-ci n'aurait le droit d'inter venir dans les délibérations des conseils départementaux. Le respect de la loi est la pierre d'assise des libertés publiques, et ce qui nous étonne, c'est de .voir des libéraux de profession ne pas comprendre que la confusion des pouvoirs est la négation de toutes les garanties pour les citoyens et le plus direct acheminement vers le régime du despotisme et du bon plaisir....