Extrait du journal

On connaît notre opinion sur l'amnistie plénière, et nous n'avons pas besoin de l'exposer et de la justifier une fois de plus. A. notre avis, l'amnistie partielle qui a été votée par les Chambres, sur l'initiative du gouvernement, dépassait déjà la me sure d'indulgence et de prudence qui était acceptable et opportune. Nous avons accepté, cette proposition parce qu'elle était faite par un ministère dans lequel nous avions confiance et qui mous garan tissait, sous sa responsabilité dans le pré sent et sur son honneur devant l'histoire, qu'elle était sans danger. Le ministère ajoutait d'ailleurs qu'il avait mesuré lar gement mais exactement l'étendue qu'on pouvait donner à l'amnistie. Il n'avait pas, disait-il, dépassé la limite où le péril commençait, mais il l'avait atteinte. Il promettait avec énergie qu'on n'irait pas plus loin. Quels qu'aient été nos doutes intimes sur la loi; qui était soumise aux Chambres, nous n'avons vu que la main qui la présentait, et dans la modeste me sure de nos forces nous avons conseillé à la Chambre et au Sénat d'émettre un vote favorable. Depuis lors, qu'est-il arrivé? Un nom bre considérable d'amnistiés est rentré en France. Sauf quelques accidens de détail, accidens toujours inévitables.et. auxquels nous n'attachons aucune importance, tout s'estpassé pour le mieux. Nous n'en avons pas été surpris, et par conséquent nous n'en sommes pas éblouis au point d'en perdre le jugement. Il n'est jamais entré dans l'esprit d'ùn homme sensé que lès amnistiés débarqueraient en France dla manière des sauvages, avec des plumes à là ceinture, des abneaux dans les narines et un tomahawk â la main. Ils n'ont pas en foncé les devantures des boutiques, nous, sommes prêts àle reconnaître, à le certifier authentiquement si l'on veut.Mais qu'est-ce que cela prouve ? Si l'on suppose que le retour des amnistiés doive produire quel que inconvénient matériel ou moral, est ce le jour même de leur arrivée, est-ce une semaine après que les conséquences peuvent éclater? Nous avons le droit de dire que l'épreuve n'est pas faite. Nous ajouterons que l'épreuve, en ce qui re garde les amnistiés eux-mêmes, rne nous inspire aucune crainte sérieuse. Ces mal heureux ont été durement châtiés de la...