Extrait du journal

Elle est blonde et pâle, l'air très doux et très | fragile. Elle a été décorée (1) pour avoir fait le coup de feu, ou la cuisine, selon les besoins de l'heure, à Sivas, dans les montagnes d'Arménie, pendant l'hiver terrible de 1895-1896 : le coup de feu pour défendre le pavillon français des insultes d'une populace en délire, la cuisine pour nourrir les malheureux qui se réfugiaient d'instinct sous .le toit au drapeau tricolore. Si l'attente de ces pauvres gens ne fut pas trom pée, ils le durent en première ligne à l'énergie de notre consul, M. Maurice Garlier. Après lui, leur vie a été sauvée par la jeune femme qui posait son fusil pour écrire dans son Journal : « Il arrivera ce qui arrivera ; mais on ne nous manquera pas de respect (2) -». Nous, c'était la France. Mme Carlier n'avait pourtant pasété préparée dans son enfance à courir les aventures. Elle avait reçu un genre d'éducation qui est très méprisé en ce moment, parce qu'il passe pour faire des emplâtres et des poules mouillées. Ses maîtres avaient été les religieuses d'un couvent de province où il ne semble pas qu'on préparât les élèves à l'lnstitut. Celles qui avaient la vocation des examens pouvaient y conquérir leurs brevets. Celles qui ne l'avaient pas, et ce fut le cas du futur chevalier de la...