Extrait du journal

I sance. Il fallut se livrer à une petite enquête. Ce fil était en cuivre etava i t e n viron 800 m êtres de longueur; il était parfaitement isolé dans toute sa longueur et à ses extrémités. Ce devait donc être, suivant l'expression consacrée « un fil mort ». Or, il prouvait largement qu'il était vivant. Que se passait-il ? L'enquête montra que, dans le voisinage du fil placé à 8 mètres de haut, passait un tuyau d'échappement de vapeur de 5m60 de hauteur. Les jours de sécheresse, le vent soufflant dans une direction convenable, la vapeur portait au fil une charge d'électricité statique; le fil, par faitement isolé, l'emmagasinait et jouait le rôle d'une grande et dangereuse bouteille de Leyde (i). Des expériences suivies ont montré que ce fil pouvait recevoir, ainsi une charge électro-statique d'un potentiel de plusieurs milliers de volts. Après une série de jours bien -secs, ce long fil aurait très bien pu renverser toute personne qui l'aurait touché. Rappelons, pour ceux qui l'auraient oublié, comment un jet de vapeur peut produire de l'électricité. Autrement on ne comprendrait guère le rôle de la vapeur dans le cas curieux que nous venons de signaler. Cette production d'électricité se rattache au frottement. Elle a été découverte par le hasard, en 1810, à la houillère de Lôghille, prés de Newcastle. Le mécanicien Patterson, ayant saisi d'une main le levier de la soupape d'une chaudière à va peur, pendant que l'autre main était plongée dans un jet de vapeur (il n'y a pas brûlure à cause de la détente) sentit des picotements par ticuliers et reconnut que le levier donnait des étincelles électriques. Plusieurs physiciens firent une étude attentive du phénomène. Amstrong, notamment, isola une locomotive en appuyant les roues sur des planches enduites de poix; il monta sur un tablier isolant et plon geant dans le jet de vapeur de la chaudière une tige de fer qu'il tenait à la main, il tira des étin celles, avec l'autre main, des corps voisins non isolés. La tige de fer était électrisée positive ment, et la locomotive négativement. Le même physicien reconnut que l'électricité prenait naissance dans l'ajutage du robinet de vapeur, à l'endroit le plus rétréci. Enfin, Faraday mit hors de doute que l'électricité produite a pour seule origine le frottement contre les parois de l'ajutage de sortie des gouttelettes emportées...