Extrait du journal

ou, pour mieux dire, aux fonctionnaires auxquels elle reproche, non sans raison, leurs exactions. Les Coréens peuvent être considérés, en effet, comme le plus opprimé des peuples : il leur est impos sible d'acquérir quoique ce soit, sans être immédiatement dépouillés par les mandarins, et cette certitudede ne rien pouvoir posséder en propre les rend terriblement paresseux et indifférents. Il semble cependant que les membres du « Parti de l'enseignement oriental », recrutés pour la plupart parmi des let trés appartenant à des familles peu for tunées, se soient à la fin révoltés contre un si triste état de choses. Ils ont tenu récemment des réunions au cours des quelles ils ont décidé de réclamer de nombreuses réformes, en même temps que l'expulsion de tous les étrangers et la punition ou la révocation de certains mandarins dont ils ont dressé la liste. A cet effet ils ont fait parvenir aux diffé rents ministres des pétitions où leurs pré tentions sont exposées dans les termes les plus violents. Leurs demandes ayant été accueillies par une fin de non-recevoir, quelques uns d'entre eux ont tenu en pu blic des propos tels qu'il a été procédé à leur arrestation. Mais cette mesure, loin de les intimider, n'a fait qu'augmenter leur mécontement et leur irritation : des placards incendiaires ont été affichés à Séoul sur les portes de la ville, sur les murs des établissements religieux, de certains yamens et même du Palais ; les chefs du Parti ont, en outre, invité les membres habitant dans les provinces à venir manifester dans la capitale. Leur appel a été entendu ; mais la présence à Ghemulpo de cinq navires de guerre étrangers a inspiré une crainte salutaire à ceux-mêmes qui étaient venus avec les intentions les plus hostiles. De son côté, le gouvernement a pris quelques mesures de précautions : des postes, en particulier, ont été établis sur les différentes routes conduisant à Séoul, et, comme les troupes sont armées à l'eu ropéenne, il est certain qu'elles auraient facilement raison des insurgés qui. ne disposent que de mauvais fusils à pierre, de lances, d'arcs et de flèches. Mais, s'il est permis de croire que dans la capitale, à Ghemulpo et dans les autres ports, les étrangers n'aient rien à redouter, on peut, par contre, craindre pour les mis sionnaires résidant dans l'intérieur où, isolés et sans défense, ils se trouvent à la merci de quelques fanatiques....