Extrait du journal
i alimentaires, dans les fabriques de couleurs, dans la confection des meubles en bois, dans les fabriques de bouillie de cuivre, dans les fa briques de chaussures, dans les entreprises de teinture et de nettoyage, dans la boulangerie, chez les coiffeurs, chez les restaurateurs, dans la peinture en bâtiment, dans la serrurerie, dans la menuiserie, ddîis la maçonnerie, dans la plomberie, zinguerie et ferblanterie, dans l'imprimerie, chez les tailleurs, partout, c'était l'accroissement du nombre des patrons et des petits patrons qui était signalé avec chiffres à l'appui. En veut-on quelques exemples ? « Nous étions 120 boulangers il y a dix ans. A ne tenir compte que de l'augmentation de la population (remarquons ceci, qui prévient et qui écarte d'avance une objection spécieuse), nous de vrions être 120 ou 130. Or, nous sommes plus de 200 ».—«Nous étions, il y a dir. ans, 29 pein tres en bâtiment,, ù. Toulouse. Ces vieilles mai sons se sont maintenues : 9 ou 10 autres sont I venues s'y joindre. t> —« Nous étions, il y a dix [ans (c'est toujours des dix dernières années qu'il s'agit), une soixantaine de patrons serru riers : nous sommes aujourd'hui 81. » « Il y a dix ans, on comptait tout au plus 80 menui siers: on en compte aujourd'hui 120». «î)ans ma partie, qui est la plomberie, l'augmentation du nombre des patrons me parait être de 30 pour 100. » « Dans la menuiserie, l'ac croissement signalé est de 27 0/0. »Je m'arrête ; mais d'un Finit à l'autre de l'enquête, ce sont presque toujours les mêmes chiffres ;etquand on ne parle pas des dix dernières années, c'est que ce sont surtout* les/cinq dernières qui ont été étudiées de plus près. 11 est quelques autres points sur lesquels les industriels consultés ont donné sans s'être entendus des réponses remarquablement identiques; tous les nou veaux patrons sont de petits patrons, et ce sont d'anciens ouvriers qui se sont établis grâce à leurs économies. Il y a donc toujours en France une élite laborieuse qui se dégage de la foule et qui tient à faire ses affaires elle-même. Cet heureux phénomène a malheureusement une contre-partie : tandis que les meilleurs ouvriers s'affranchissent ainsi, les... autres semblent perdre de plus en plus leur conscience et leur habileté ; leur recrutement est difficile, la décadence de l'apprentissage satisfait de moins en moins les grosses entreprises. Il est vrai que ce malheur, à son tour, a une réper cussion intéressante. Qui occupe de nombreux ouvriers est fort en peine d'en trouver de bons ? Raison de plus pour essayer de s'en passer, se disent les patrons des nouvelles couches. Et de là, semble-t-il, un encouragement à ces petites entreprises où le patron et la patronne font le plus possible par eux-mêmes. Je me présentais dernièrement, en compagnie de plusieurs autres personnes, chez l'un des coiffeurs d'un gros bourg de la Savoie. Ce fut la femme qui vint se mettre à notre disposition. « Que voulez vous, messieurs, nous dit-elle, mon mari avait tant de peine à se procurer un bon employé, qu'il a pris le parti de m'apprendre le métier, si vous y consentez, je suis à votre service. » Un fait qui n'est pas moins important, et qui commence à se généraliser, c'est que ces petits patrons, tout en se félicitant d'être à leur compte, malgré leurs peines et leurs soucis, commencent à sortir de leur isolement. Je n'in siste pas sur les progrès un peu lents, mais réels, des caisses rurales, dés institutions de petit crédit; des organisations professionnellès. Je me borne à ce que l'enquête en question peut nous apprendre. Elle tend à nous prouver que la prochaine disparition des tailleurs sur me sure et leur extermination par les grands ma gasins, sont démenties par les faits, que les petites maisons obtiennent des fournisseurs en gros plus de visites et plus de crédit qu'autre fois, que le moment est proche où les petits et moyens tailleurs se coaliseront pour utiliser en commun leur- morte-saison, etr faire ainsi con currence aux grands magasins sur leur propre' terrain. . Encore une fois, il est souhaitable qu'on fasse ailleurs qu'à Toulouse de pareilles enquêtes. Si elles mettent en relief, comme on peut le croire, la survivance obstinée de l'esprit d'autonomie et de liberté chez les meilleurs de nos travail leurs, elles signaleront aussi nous devons nous y attendre lés défaillances trop savam ment entretenues dans les masses qu'endoc trine le collectivisme. Ce contraste est ce qui étonne le plus les étrangers qui nous suivent avec le plus de sympathie. Je causais derniè rement avec un archiprêtre d'ltalie, un homme encore jeune, actif et intelligent, ayant beau coup voyagé : « Votre clergé, me disait-il, est incontestablement le premier de tous; c'est le plus travailleur, le plus instruit, le plus chari table et le plus irréprochable. Comment se fait-il qu'il n'exerce pas plus d'action ? » Mais ce n'est pas seulement l'isolement relatif de notre clergé qui étonne. Un très haut magistrat de Bruxelles me disait, presque dans les mêmes...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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