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Journal des débats politiques et littéraires, 9 juin 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
9 juin 1830


Extrait du journal

conscience l'avertissait que les dépotés ne lui confieraient pas volontiers l'argent de la France. Il a entassé sophisrncs sur so plrisrnes pour appuyer cette scandaleuse nouveauté' ; il s'est débattu audacieuseinent contre les articles de la Charte; il prétendait transformer les discussions des députés en une vaine cérémonie • le budget en une rente perpétuelle constituée d'avance nécessai rement. Le budget en un mot était la liste civile des ministres , première atteinte portée par le ministère aux prérogatives des Chambres , aux droits du pays. La liberté de la presse est la base du, gouvernement constitu tionnel ; c'est une tribune perpétuelle où se discutent les intérêts publics , où tous les citoyens peuvent parler au pays : elle seule supplée les Chambres; elle éclaire à la fois Je. Prince , le peuple et l'administration ; les ministres qui veulent le bien de l'Etat marchent à sa lumière, loin de chercher à l'éteindre, La liberté delà presse est déclarée incompatible avec le ministère, parles organes du ministère lui-même ; il la fait menacer de la censure, c est-a-dire d un coup d Etat. La fermeté seule de l'opinion publique arrête sa main prête à briser la presse. Encore une tentative contre le droit, du pays et, les lois qui le consacrent. La Chambre est convoquée. Le ministère ne rassemble les dé putés que pour menacer indirectement devant eux nos institutions qu'ils ont juré de maintenir. Et il leur défend de relever ces pa roles téméraires., de les dénoncer à la sagesse du Roi, de mettre ànu les dangereux projets qu'il cache! Celle franchise, ce cou rage est un crime de lèse-majesté. C'est'offenser !a royauté que de l'éclairer. 11 Lut la laisser seule avec le ministère sans guide , sans conseil : elle demande quels sont les vœux du pays - les re présentons du pays ne doivent, pas lui répondre. On les' appelle pour voter le budget, le reste ne les regarde pas. L'ancien régime avait ses Remontrances, le nouveau a ses Adresses. Le ministère du 8 août ne supporte les libertés d'aucun temps. Il dénie aux députés le droit de déclarer au Prince qu'ils ne pensent pas comme le ministère. Les prérogatives des Chambres sont encore méconnues. La Chambre est dissoute. Le Roi demande au pays si ses an ciens Réputés ont vraiment exprimé le vœu public. Le pays ne pourra répondre d'une manière plus précise et plus claire qu'en redonnant son mandat aux mêmes députés et à des candidats qui pensent comme eux. Le mimstere reluse ce droit -aux électeursIl ne leur reconnaît la liberté d'elire qu'autant qu'ils éliront ses candidats. Les 221 sont proscrits; ainsi voilà des citoyens qui, pour avoir exprimé, avec la plus respectueuse sincérité, le.ir opinion au Roi dans un acte solennel, mais non pas empreint d'un caractère législatif, pour avoir supplié le prince d'examiner , de consulter son peuple, sont rayés à jamais de la liste des éligibles! Ils ne sont plus députés, ils ne sont plus rien ; leurs paroles même ne subsistent plus; elles sont effacées par l'ordonnance de disso lution; elles sont comme un jugement, dont 011 appelle, sans force, sans autorité; a vos yeux ils sont encore députés pour être proscrits ! Leurs paroles subsistent encore comme un arrêt d'inter diction des droits civiques! Le ministère dresse une liste d'inca pables en même temps que les listes électorales. Il dégrade 221 • citoyens et ote à 80.000 le droit de choisir! Celte prétention est aussi arbitraire que folle. Eh bien! le ministère l'a formellement proclamée dans ses journaux. Il vient de la consacrer officielle ment dans le Moniteur lui-memev II ose la soutenir par des me naces. Il espère même engager l'auguste royauté dans sa misé rable querelle. Il voudrait qu elle sortît de son sanctuaire pour aller dans les collèges électoraux , haranguer les électeurs en faveur de MM. Polignac et Peyronnet. Le ministère va plus loin : nos libertés ont déjà bien souffert, elles souffrent encore, grâce à lui , et il n'épargne pas même 1 avenir. Dans un état constitutionnel , quand les dissolutions re produisent les mêmes élêmens de majorité , quand le pouvoir a consulté le pays, il doit écouter le vœu public, qui n'est plus douteux. Les ministres donnent leur démission, et le gouverne ment reprend son cours naturel. Les evénemens suivent un ordre légitime. Les députés ont reprouvé le ministère, les électeurs confirment celte réprobation, La royauté condamne; les ministres exécutent lariet en rendant leurs portefeuilles. D'autres leur succédant : voila 1 issue de tous les procès ministériels, voilà le dénouement de l'espèce de drame qui naît souvent de la discorde des Chambres avec i administration. Mais- nos ministres veulent continuer le draine, même après le dénouement ; ils ne veulent pas que tout soit fini le jour où une seconde majorité répète ir révocablement la sentence de la première. Ils trouvent qu'il reste encore des mesures fortes à prendre. Ils assemblent les électeurs,;mais ils ne tiendront pas compte du scrutin. 1 Ainsi les hommes de la laction ont toujours des iiour raisonnemens , des coups d Etat pour ressource. Ils ont aitqqqé la prérogative des Chambres en niant le droit de rejeter le b|j<îg"et j...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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