Extrait du journal
Nous voici arrivés à l'heure des derniè res adjurations; c'est demain jeudi que le Sénat aura à faire connaître s'il est pour la politique de pacification ou pour la po litique de conflit avec l'autre Chambre! Telle sera en effet, nous ne saurions trop le redire, la signification, soit dans un sens, soit dans l'autre, du vote que ren dra cette grande Assemblée. Quel que opinion qu'on puisse avoir sur les mérites comparés des deux modes de scrutin (et on connaît d'ailleurs la nôtre), on ne peut pas faire que la Chambre des Députés ne se soit prononcée pour le scrutin de liste. C'est là un fait, un fait accompli. Certes, dire simplement au Sénat, pour peser sur son' vote, qu'il se trouve en présence d'un fait accompli, ce ne serait point un argument très fier, et nous aurions quelque scrupule à en faire usage dans toute autre circonstance ; mais il se trouve ici que le fait accompli, bien loin d'être un coup de surprise, une vio lation de la tradition républicaine, a été au contraire, comme nous l'avons démon tré, la conclusion nécessaire, logique, in évitable de toute la politique républicaine depuis plusieurs années, en même temps qu'il était la réalisation d'une volonté très constante et très explicite des gau ches, volonté qui s'était particulièrement manifestée en 1875. Il serait donc absolu ment injuste de prétendre, comme on l'a fait quelquefois au cours de la polémique actuelle, que le conflit, s'il se produisait, serait imputable aux promoteurs du scru tin de liste, à ceux qui ont, comme on dit, créé la question. Personne, actuellement du moins, n'a créé cette question ; elle préexistait, elle s'imposait, puisque le scrutin de liste était depuis de longues années au premier rang des desiderata du parti républicain; il était un point ! essentiel de notre programme, une de nos revendications les plus anciennes, et, à moins de se déjuger, il était évident qu'on le voterait dès qu'on se trouverait en force et en nombre. C'est- ce qu'on a fait dans la Chambre des Députés, et, en faisant cela, on n'a point innové, on n'a point créé une question. Ceux qui in novent , ceux qui créent .la question, ceux qui troublent la politique répu blicaine et y introduisent un élément de conflit, ce sont les partisans du scrutin d'arrondissement, ceux qui, pour une rai son ou pour une autre, jugent bon de se déjuger, ceux qui condamnent ce même scrutin de liste dont ils étaient, il y a dix années encore, les zélés défenseurs. Yoilà la situation dans sa vérité et sa rigueur. Il y a, depuis le vote de la Chambre des Députés, fait accompli, un fait accompli parfaitement avouable et légitime, de ceux devant lesquels ce n'est point s'abaisser que de s'incliner, même quand on est la Chambre haute....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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