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Journal des débats politiques et littéraires, 8 juin 1881

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Journal des débats politiques et littéraires
8 juin 1881


Extrait du journal

MARDI Il est facile de constater que depuis la dernière séance du Sénat il s'est produit une certaine détente dans la situation. Quelques personnes attribuent cet heu reux résultat au rapport de M. Wadding ton, qui certes n'était pas fait pour sur exciter les passions ; d'autres pensent—et nous sommes de cet avis qu'il a suffi de trois ou quatre jours de sérieuse réflexion pour amener plusieurs des sénateurs républicains qui avaient d'abord pris parti contre la réforme électorale à mo difier le point de vue auquel ils s'étaient tout d'abord placés. L'attitude des jour naux de la réaction et leur langage de puis le jour où a été nommée la commis sion sénatoriale ne pouvaient d'ailleurs manquer de leur révéler le plan de leurs éternels adversaires et de leur montrer où l'on voulait les conduire, pour peu qu'ils ne missent, pas à fermer les yeux une injustifiable obstination. Il est certain qu'ils auraient pu se trom per sur la portée de l'acte qu'on essayait de leur faire accomplir s'ils s'étaient bornés à regarder autour d'eux dans l'en ceinte du Sénat. Pour avoir la majorité dans les bureaux il leur avait fallu les voix de la droite tout entière. Mais cet appui leur avait été donné si discrètement, les paroles prononcées avaient été si peu com promettantes, on avait mis un tel soin à s'effacer, oû'paraissait si disposé à leur laisser toute l'initiative et toute la con duite de l'affaire, qu'en vérité, avec un peu de bonne volonté ils pouvaient croire qu'ils combattaient seuls, tant les masses qui les suivaient observaient un silence prudent. Ceux qui se faisaient leurs alliés, presque malgré eux, savaient bien que pour ne pas effaroucher leurs scrupules et réveiller leurs anciennes défiances il fallait agir ainsi, et ils avaient établi dans leurs rangs une discipline qui n'a pas été un seul instant violée. Bien plus, ils s'é taient promis de suivre jusqu'au bout ce plan qui paraissait si bien réussir, et pas plus dans la discussion publique que dans les bureaux aucun membre de la droite ne devait prendre la parole. Ils avaient compté sans les journaux. Quelques uns, deux à peine, initiés de puis longtemps à toutes les roueries de;la tactique parlementaire, se sont bornés à triompher le plus modestement du monde. Ils avaient compris que la conscience des honnêtes gens qu'ils essayaient d'entraîner avec eux se révolterait le jour où il leur serait démontré qu'une coalition ouverte avec la droite serait non seulement une duperie, mais ressemble rait fort à une désertion. On ne pouvait demander tant d'habileté à tous. Aussi quels accens de victoire n'a-t-on pas fait entendre dans le camp de la ré action, et comme on se croyait déjà en plein conflit dont on se promettait de tirer les plus grands avantages! Ces triomphateurs imprudensontmerveilleuse ment servi notre cause. Il a été impossi ble en effet de ne pas faire cette très sim ple réflexion : que si les adversaires du gouvernement républicain manifestaient une joie si exubérante, il fallait qu'un coup...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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