Extrait du journal
PABIS ~8 mars. La Chambre des Pairs s'est occupée aujourd'hui de la discussion de l'Adresse. L'assemblée était très nombreuse. M. le comte Sitnéon , rapporteur, a fait la lecture de l'Adresse , qui avait été adoptée à l'unanimité parla commission. On assureque cette Adresse respire l'amour le plus pur et le plus sincère pour le Roi et pour la Charte ; qu'aucun des vrais prin cipes de notre gouvernement n'y est méconnu, et que son lan gage respectueux, mais ferme, est digne en tout point de,cette auguste assemblée. Sans renoncer à ces formes graves et modérées qui sont de l'essence d'une Chambre héréditaire , elle semble s'être unie d'avance àla Chambre des Députés , dont-le pays attend une réprobation non moins claire , mais plus vive, sans doute , des doctrines du ministère. Voici quelques phrases qui se répétaient ce soir dans tous les salons , et qui expliquent encore mieux l'esprit de cette Adresse ; elles sont à peu près conçues dans ces termes : Le premier besoin de V. M. est de voir la France, heureuse et respectée, jouir en paix de ses institutions. Elle en jouira, Sire. Que pourraient en effet de perfides insinuations contre la ferme volonté que manifeste V. M. d'en consolider le bienfait et de main tenir les droits de votre couronne qui sont iriviolablement liés aux libertés publiques. La France ne veut pas plus de l'anarchie que son Roi du despotisme. Si de coupables manœuvres suscitaient des obstacles au gouver nement de V. M. , elle trouverait, pour les surmonter, un appui non seulement dans les pairs héréditaires , nfais aussi dans le con cours simultané des deux Chambres, et l'immense majorité des Français. Les autres parties de l'Adresse ne sont que la reproduction fidèle du discours de la Couronne. La Chambre se borne à an noncer qu'elle examinera avec soin les divers projets' de lois qui lui seront présentés. ' " !, i' Tout en reconnaissant ce que lexontmerce peut gagner à un arrangement définitif, entre les membres de la maison de Bra gance , la Chambre espère'que, dans ces négociations, les droits •de là légitime, succession aux couronnes seront respectés. Après la lecture de cette Adresse, M. de Chateaubriand est monté à la tribune et s'est exprimé en ces termes : « Messieurs, » Je ne viens proposer aucun changement au projet d'Adresse : •ce projet me semble grave, plein de mesure, de convenance , de dignité; y changer une phrase serait, selon moi, le gâter dans son esprit jet dans son ensemble. Il est fort surtout par lés choses qu'il ne dit pas, et ce sont ces choses que je me décide à dire. J'expliquerai à la fin de ce discours la nature de mon vote, ou plutoLla raison pour laquelle je m'abstiendrai de voter. » Je saisirai en même temps l'occasion qui m'est offerte de développer quelques principes, qui ont dernièrement servi de règle à nia conduite. C'est, je l'avoué, à mon corps défendant, et après de longues hésitations, que je me suis résolu à monter à cette tribune. Jamais je n'ai tant désiré la paix. jamais je n'ai ■été moins disposé à me jeter au milieu des orages; il a fallu six mois entiers de provocations , il a fallu m'entendre traiter d'a postat et de renégat, par ordre ou par permission, pour qu'enfin je me crusse obligé de ni'expliquer. Au reste , je pardonne de grand cœur à ceux qui m'ont prodigué les outrages. » Je désiré quatre choses pour mon pays, Messieurs: la reli gion sur les autels de saint Louis, la légitimité sur le trône d'Henri IV, la liberté jt l'honneur pour tous les Français. » Je n'ai point douté que les ministres du jour n'eussent l'in tention de maintenir ces quatre choses ; mais j'ai pensé dès le premier instant que, par la nature même de la composition du Conseil, ils inquiéteraient les intérêts publics; j'ai pensé qu'en voulant trouver la France ancienne dans la France nouvelle, ils pourraient mettre la réalité en péril pour saisir ou pour combattre des chimères. s » Voyez, Messieurs, comme ils sont déjà entraînés, malgré eux, sur la pente où ils se sont placés ? Avec quelle douleur ne se sont-ils pas crus sans doute obligés de porter un de ces coups dont le moindre inconvénient est de ne faire peur à personne? » Un pair de France, un brave officier, un fidèle serviteur du Trône, le gendre du chancelier d'Ambray, a été frappé sur la tombe à peine refermée du vénérable président dont nous déplo rons la perte, et cela pour avoir voté selon sa conscience , en obéissent aux serine us mêmes que l'on exige de nous , quand nous parvenons à la pairie, ou quand nous nous présentons aux ■élections: Chaque gouvernement a son allure : un gouvernement légitime, paternel, constitutionnel n'est point un gouvernement de colère et de violence. Quand il emprunte le caractère des gou-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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