Extrait du journal

L'autre trait, je le trouve dans le récit rétrospectif des amours de AAme Rémonde et de Camille Thérade. Elle était seule, à Néris ; un jeune homme, dont elle avait remarqué l'élégance et « le visage attirant et fermé », avait oublié sur un banc un livre qu'elle ramassa. C'était Les Solitudes de Sully-Prudhomme. Elle l'ouvrit et reli sait les vers délicieux : Ne jamais la voir ni l'entendre..., quand le jeune distrait re parut. Elle s'excusa de son indiscrétion, aussi émue des vers du poète que de la présence de l'inconnu. Ainsi commença leur liaison. Je parlerai un jour du livre où M. Flottes a étudié Sully-Prudhomme. Qui songe « au délicat Sully qui fit les Solitudes » ? II ne rapproche plus les pas sagers en quête de tendresses (fussent elles vaines !) sur le grand navire qui nous emporte. Les amoureux ne murmurent plus ses vers en songeant à celle qu'ifs nom ment leur étoile « avec le sentiment qu'elle est à l'infini ». Que M. Bourget a bien fait de nous rappeler cette poésie qui a été si chère, si précieuse, à tant d'âmes ! Elle n'est pas seulement de sa jeunesse ; elle est encore de la nôtre. Nous savions aussi d'autres vers ;...