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Journal des débats politiques et littéraires, 10 août 1894

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Journal des débats politiques et littéraires
10 août 1894


Extrait du journal

actes illégaux et criminels, et qu'elle en provoque la réalisation. Le lien qui la rattache à la secte anarchiste apparaît aussitôt. Le Parti ouvrier de ces derniers jours a publié à ce sujet des articles fort instruc tifs. « Les socialistes utopistes, écrit ce journal, condamnent, en principe, tout moyen violent, tombant ainsi dans un doctrinalisme stérile. » On ne reprochera pas à cette phrase de manquer de clarté : elle dit très bien ce qu'elle veut dire. Sans la violence, la doctrine est stérile : la vio lence est le levain qui la fait lever et fer menter. « Les socialistes, continue le Parti ouvrier, et il supprime cette fois l'épithète d'utopistes, les socialistes ne condamnent ni les moyens violents, ni l'agitation légale. » Tout est bon, à leurs yeux, suivant les cas. Il en est où la vio lence est « inévitable ». Dans d'autres, il est plus utile de se servir de l'agitation légale. L'utilité de l'acte est la seule me sure de sa légitimité. La justice, la mo rale, le respect des droits acquis, tout cela appartient au passé et ne doit plus entrer en ligne de compte. C'est le vieux jeu. On disait autrefois : ; Celui-là fit le crime à qui le crime sert ; mais aujourd'hui, dès que le crime «sert », «il n'est plus crime, il commence à devenir vertu. Seulement, il ne faut pas se •tromper sur le fait de savoir s'il est utile ou compromettant. Tant pis pour celui qui se trompe : il est immédiatement re nié par tous les «compagnons ». « Quant à la force, écrit le Parti ouvrier, ce sont les circonstances qui indiquent comment on doit en ùser. » Elle est recommanda ble un jour, elle ne l'est plus le lende main. « Etant donné la situation actuelle des pays civilisés, le Parti ouvrier estime que les prolétaires n'ont aucun intérêt à se porter à des actes de violence. Voilà pourquoi, continue-t-il, on leur prêche toujours le calme et l'agitation légale. » Grâce à cette précaution de style, le jour nal socialiste se met adroitement à l'abri des désagréments que pourrait lui attirer sa propagande. Il déconseille la violence, ce serait donc calomnier que de l'accuser de la fomenter. Il se contente de suppri mer la distinction que la morale de nos pères établissait entre les actes innocents et les actes criminels. Il crée par là des facilités pour la suite. On ne peut pas dire qu'il poussé à la violence immé diate, puisqu'il prend d'ingénieux détours pour la préparer de longuo main. Exagé rons-nous sa pensée ? « En réprouvant, écrit-il, les actes de violence, on cherche à développer la puissance révolution naire du prolétariat et on prépare les conditions de ses victoires dans l'avenir. » Nous voilà bien avertis. La pire des propagandes, à notre avis, est celle qui efface peu à peu dans les âmes la notion du juste et de l'injuste, du bien et du mal, de ce qui est permis à l'honnête homme et de ce qui lui est dé fendu. Quand il ne distingue plus entre des choses aussi différentes,l'espritn'aplus de boussole dans la conscience et il se laisse entraîner à tous les courants. Le procès qui...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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