Extrait du journal
Noos avons perdu par notre faute des élections sûres. Et puis ensuite quand la Chambre, par ses oscillations, ébranle le pouvoir, quand l'Europe, qui ne nous juge i que de loin, s'attend toujours à voir le volcan se rou vrir et ne croit pas pouvoir, lier avec nous des rela tions solides, quand les factions relèvent la tête et me nacent l'ordre de quelque nouvel attentat, les électeurs sont les premiers à se plaindre ! Il faut avoir le courage de le leur dire :le mal, c'est eux qui le font. Si la Chambre n'a que des majorités faibtes et incertaines., c'est leur faute. Qu'ils soient dans le collège électoral ce qu'ils sont dans leurs mai sons , des hommes sensés, amis de l'ordre et de la paix , qu'ils votent selon leur conscience de bons ci toyens et non selon leur humeur, qu'ils n'aient pas peur de quelques turbulens qui se mettent à la tête des éléetions pour les tyranniser, et la France sera aussi prospère au dedans que forte au dehors. Le National le dit très à propos et nous pouvons bien nous empa rer de ses paroles, quoique assurément elles aient dans sa bouche un autre sens que dans la nôtre : « La France » n'est inquiète que d'une seule chose : du m'ai qu'elle » porte daas ses flancs. Le jour où elle sera guérie de » ce mal interne, elle prendra dans le monde une al » lure assez vigoureuse pour que beaucoup de ceux » qui se rangent aujourd'hui contre elle se rangent à » côté d'elle et que les antres se tiennent tranquilles. » Oui, mais comme ce ne sont pas les factions qui guéri ront la France de ce mal interne qu'elles entretiennent depuis douze ans, le remède ne peut venir que de la grande opinion constitutionnelle et conservatrice. Nous avons dit la vérité aux électeurs. Pendant que nous sommes en train, nous pouvons bien la dire aux candidats. Eux aussi ils manquent trop souvent de cou rage et de fermeté. Et à quoi cela leur sert-il ? En fai sant de maladroits efforts pour se rapprocher de l'Op position, de peur qu'on ne dise qu'ils sont ministériels, ils n'augmentent pas leurs chances de succès, ils les diminuent. Ils donnent à l'Opposition un lustre faux d'indépendance et de nationalité. Ils jettent dans leur propre parti la défiance et l'incertitude. S'il est bon d'être un peu de l'Opposition, pourquoi ne serait-il pas I meilleur d'en être tout-à-fait ? Vous vous vantez d'être du centre gauche : quel est le mérite du centre gauche? D'avoisioèr la gauche, apparemment ! Moi, électeur, qui ne comprends rien à toutes ces subtilités, j'aime mieux me jeter tout de suite en pleine gauche. Dans cette lotte de concessions qui ne rapportent pas en popularité ce qu'elles coûtent à la conscience, le candidat constitutionnel aura toujours le dessous contre le candidat de l'Opposition. Celui-ci n'a pas de scru pules. Veut-on la guerre ? il est prêt à la voter. On lui demanderait de supprimer lés impôts en masse qu'il y consentirait. Il a pour les uns la liberté illimitée de la presse, pour les autres la réforme électorale aussi large qu'on voudra; toutes les lois d'ordre, il en fait bon marché. Il tonne contre la servilité. Il est fonc tionnaire , et il trouve que les fonctionnaires, lui excepté, ne devraient pas être à la Chambre. Nanti dune bonne place qu'il n'a pas envie de quitter, il jure de n'en pas accepter d'autres qui seraient fort au-dessus de son mérite et que personne ne songe à lui offrir. Pour lui le ministère existant est toujours le pire des ministères. Tous les partis lui arrachent un enga gement, une promesse. Il est radical avec les radicaux et légitimiste avec les légitimistes. Son triomphe, ce sont les assemblées préparatoires où les gens tranquilles ne prennent guère la parole. Qui ne voit que dans cette espèce d'enchère, qui se fait aux dépens de l'ordre, le candidat de l'Opposition s'arrangera toujours pour avoir le dernier mot? Ce serait aux candidats constitution nels àse tenir dans leur rôle d'hommes d'ordre, de dé fenseurs des lois, d'amis d'une liberté fondée sur fa paix et sur la modération. Nous ne connaissons rien...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - taillandier
- w. jeffs
- x.ondow
- henri iv
- legentil
- decan
- billault
- espagne
- france
- londres
- chambre
- europe
- paris
- l'assemblée