Extrait du journal
Ble, est chose fâcheuse, et plus fâcheux encore sont ces premiers mécomptes, qui accueillent le passage de nos compatriotes sous un drapeau qui n'est pas celui de leur pays natal. Serait-ce déjà le commencement de la peine que la Providence réserve à ceux qui, quelles que soient les nécessités auxquelles ils ont cédé, abandonnent leur patrie pour le service de l'étranger? » Certes , nous ne sommes pas portés à juger trop sévè rement la conduite de nos compatriotes de la Plata ; nous apprécions Ja légitimité de leurs griefs ; nous savons par quel inqualifiable traitement, par quelles injustices ils ont été poussés à renoncer à une nationalité qui n'a pas su les protéger; nous comprenons le sentiment spontané qui-les a entraînés à un parti extrême , mais , en les plaignant, nous ne pouvons les approuver. Notre sympathie les suivra sous leurs nouveaux drapeaux , mais non plus cette com munauté d'idées qui nous faisait regarder leur cause comme la nôtre, » Avec toutes les réserves nécessaires, nous ne pouvons qu'approuver ce langage. Certainement, nous n'aurons pas une parole d'offense ou de provocation pour des hommes que nous croyons dans une position très cri tique , quoiqu'ils y soient par leur faute. Si les légion naires montevidéens ont cessé, par la loi, d'être ci toyens français, nous ne pouvons oublier qu'ils l'ont été, ni nous empêcher de regretter qu'ils 'ne le soient plus. Mais s'ils ont cru devoir préférer des intérêts mal entendus à l'honneur d'être nos compatriotes, c'est un malheur dont le gouvernement ne saurait être responsable. La sécurité de leurs biens et de leurs personnes avait été plusieurs fois garantie par des conventions ; les agens du gouvernement français les ont couverts de la protection qui était due à leur nom tant qu'ils ont porté ce nom; aujourd'hui on peut encore la leur donner, mais on ne la leur doit plus. Les correspondances de Montevideo nous entretien nent de vengeances sauvages qui auraient été prati quées par les gens de Buenos-Ayres sur les prisonniers montevidéens. Assurément, si ces faits étaient vrais, nous ne pourrions flétrir assez énergiquement des actes de barbarie qui seraient une honte même pour l'Amé rique du Sud. Mais nous dirons franchement qu'à ce sujet il nous manque la foi. Nous nous sommes fait une loi de ne croire à cet égard que les déclarations offi cielles du gouvernement. Depuis que Buenos-Ayres et Montevideo ont apparu sur la scène du monde poli tique, nous nous sommes trouvés inondés d'un dé luge de bulletins aussi officiels et aussi apocryphes les uns que les autres. Les deux républiques nous parais sent avoir une rivalité d'invention au moins égale à leur rivalité d'influence. Nous attendrons donc que le gouvernement dise là-dessus ce qu'il sait, si toutefois il sait quelque chose ; et nous espérons que l'Opposition voudra bien nous pardonner si nous ajoutons plus de foi aux affirmations du ministère qu'aux siennes. Nous avons dit que les correspondances acceptées si bénévolement par les journaux de l'Opposition ne ve-, naient que de Montevideo. C'est assez dire qu'elles sont animées de l'esprit le plus haineux et le plus vindicatif contre le consul de France accrédité dans cette ville. On ne se donne pas même la peine de prêter à ces accu sations une certaine apparence de logique et de justice. Ainsi, le principal journal de M. Thiers publie au jourd'hui une correspondance dans laquelle le regret est ouvertement exprimé, que les agens français n'aient pas su , dès le commencement de ces tristes querelles, y conserver une stricte neutralité. N'est-ce point là la justification la plus irréfragable de la con duite de M. Pichou , dont tous les efforts ont eu pour but d'empêcher ses concitoyens de prendre part à des discussions étrangères? Et cependant il n'est sorte d'injures que l'on n'accumule aujourd'hui contre un homme honorable, qui n'a fait, après tout, qu'exécuter les instructions qu'il avait reçues, et qui les a exécutées de manière à mériter les éloges et la confiance du gouvernement de son pays....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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