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Journal des débats politiques et littéraires, 11 juin 1838

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Journal des débats politiques et littéraires
11 juin 1838


Extrait du journal

à l'agriculture, enfin de la prospérité universelle qui devait découler de la conversion. L'ancien ministre qui a si habilement administré les finances de la France, affirme enfin qu'il n'y a que déception dans toutes ces promesses. A la question de la conversion se lie une autre ques tion non moins grave peut-être, celle de notre amor tissement. M. Roy s'est livré à un profond examen de l'emploi étrange qu'on fait depuis plusieurs années d'un si puissant levier. Tous ceux qui s'intéressent à l'avenir de nos finances arrêteront leurs méditations sur les vues exposées dans le rapport. C'est une matière délicate, à l'égard de laquelle beaucoup de vrais principes nous pa raissent aussi avoir été faussés. Nous nous réservons de revenir spécialement sur cet important objet. Le beau rapport de M. Roy est terminé par la décla tion que la commission, à l'unanimité, est d'avis de ne pas adopter le projet de loi. Ce concours complet d'opinions, sans nulle dissidence, est une circonstance très remarquable. C'est un nouveau et éclatant démenti aux illusions des partisans de la conversion. A les entendre, nulle opposition do quelque poids ne devait traverser leur plan ; une irrésistible unanimité devait en assurer le succès. Et cependant une minorité imposante, grossie à chaque pas de la discus sion , une minorité de cent quaranle-cinq voix , a d'a bord protesté , dans le sein même de l'assemblée ou l'improbation ne devait trouver aucun écho. En outre , s'il nous était permis de compter ici tous ceux qui ont voté pour le projet, non parce qu'ils le croyaient bon , mais les uns parce qu'ils y voyaient un embarras pour le gouvernement de juillet; les autres parce qu'ils en attendaient une dislocation du ministère ; d'autres enfin, en si grand nombre, uniquement pour en finir, comme ils le disaient tout haut, serâit-il trop hardi d'affirmer que la majorité aurait changé de côté , même à la Chambre des Députés ? Or, voici qu'aujourd'hui cette Opposition de la Chambre des Députés, si respectable par son nombre, si brillante d'éloquence, si incontesta blement supérieure à ses adversaires par la raison et le talent, voici que cette Opposition reçoit l'appui de l'una nimité de la commission nommée par la Chambre des Pairs. Cet heureux concours n'est-il pas le signe d'une réaction dans l'opinion du pays contre une mesure dont on reconnaît enfin les périls ? L'unanimité qui a régné dans l'avis de la commission aura du retentissement en France. Le nom des commis saires, leur expérience, leurs lumières spéciales, leur indépendance bien connue, tout concourt à donner à leur opinion le plus grand poids. Il est impossible qu'elle soit sans influence sur les convictions du pays. Il est aussi permis maintenant de fonder un légitime espoir sur le vote de la Chambre des Pairs. La confiance que nous aimions à garder, semble prés d'être justifiée. Dans la position noble et calme que la Charte a faite à la Chambre des Pairs, celle-ci, placée loin de l'entraîne ment des passions, est l'impassible et vigilante gar dienne des droits de tous. Elle ne manquera pas, nous l'espérons plus que jamais, à sa mission conservatrice. Faut-il redouter, cependant, que le grand bienfait que nous attendons soit acheté par un malheur public 1 Se rait-il vrai, comme on en a fait la menace, qu'il y eût à craindre une collision entreJes pouvoirs de l'Etat? Pour notre part, nous ne le pensons pas. La majorité de la Chambre des Députés s'est toujours montrée trop ani mée d'un esprit constitutionnel, pour ne pas vouloir Ja complète indépendance des pouvoirs qui lui font équi libre» Nous savons bien qu'on n'oubliera rien pour fo menter la division , qu'on essaiera d'introduire dans la polémique, l'émeute qui n'ose plus se produire dans la rue. Mais ceux qui prédisent que la Chambre des Dépu tés s'irriterait d'un rejet, la calomnient. Ils lui prêtent leurs mauvaises passions ; nous qui avons foi dans sa sagesse, nous sommes assurés qu'elle ne les partagera jamais....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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