Extrait du journal

Les grands oiseaux mécaniques, les avions, conduits par d'héroïques pilotes, se sont, pendant la guerre, couverts de gloire ; mais il est des ailes, de chair et de plumes celles-ci, qui, dans la prodi gieuse mêlée, ont fait tout leur devoir. Inconscientes et fragiles, elles s'élançaient dans l'espace inlassablement sillonné par la mort pour nous servir. L'instinct leur révélait qu'elles avaient une mission à remplir et/sans défaillances, sans hési tations, jusqu'aux dernières limites de leurs forces, elles l'accomplissaient. Les balles, les éclats d'obus, le froid, la faim, la soif, les obligèrent souvent à se fermer avant d'avoir atteint le but et à tomber, ébouriffées, palpitantes, au mi lieu des poilus agonisants, leurs cama rades liés au sol. Peut-être donnaient-elles alors, suprême consolation, à quelque sol dat vêtu de bleu, allongé sur cette terre qu'il avait défendue, la vision d'une ferme lointaine où il ne reviendrait plus, et de son pigeonnier bruissant de vols blancs et moirés....