Extrait du journal
On ne veut pas dire franchement les cho ses, ce qui crée l'obscurité dont tous les débats sur l'école unique sont entourés. On se bat contre des fantômes, on les pour fend à coups de banalités. Il faut que tout enfanl capable d'en profiter puisse accéder dfc drôit à l'ètiSeîpefrVent 'SêcMVdaiie. Oui dit le contraire ? Mais il faudrait pour cela une sélection à l'entrée, et surtout des exa mens de passage sérieux. D'autre part, les partisans de la gratuité la réclament pour tous, non dans le désir d'être agréables aux familles bourgeoises qui peuvent p.ayer et sont habituées à le faire, mais dans l'espoir que la sélection permettra d'exclure les en fants de la bourgeoisie comme incapables. Ces arrière-pensées enveloppent d'un nuage toute la question. Elle serait simple et facile à résoudre, si l'on voulait partir de la règle du bon sens ainsi conçue : gratuité pour tous les élèves méritants de familles modes tes, obligation d'être passables pour les élè ves payants de familles aisées. On n'en veut pas. C'est contraire à l'éga lité métaphysique. Certes, mais il y a une raison à cette nuance. Un élève moyen de famille aisée ne sera pas un déclassé. Il pourra attendre d'avoir des clients s'il est avocat ou médecin. S'il attend longtemps, ce sera fâcheux pour sa famille, ce ne sera pas un péril public. Au contraire, le licencié en droit sans ressources que vous aurez en levé à son milieu où il aurait bien réussi deviendra un révolté, un réfractaire s'il doit manger de la vache, enragée. L'Etat aura dépensé beaucoup pour faire son malheur et pour faire de ce malheureux un danger so cial. Ne laissons perdre aucune valeur, c'est juste et en même temps utilitaire; c'est un placement de père de famille que de per mettre à un enfant du peuple bien doué d'en trer dans l'élite intellectuelle. Mais pousser au lycée, par une gratuité inconditionnelle, la masse des enfants ordinaires de l'ouvrier ou du paysan, sous prétexte que les enfants ordinaires de la bourgeoisie y vont déjà, c'est une forme de la folie démagogique, qui n'a rien de commun avec le sentiment de la justice et de l'égalité devant la loi. On affirme que la dépense ne sera pas énorme. Même, si c'était vrai, le gaspillage humain serait déjà désastreux. Mais la dé pense serait grande. M. Herriot est un let tré, il n'est certes pas un calculateur. La rétribution des élèves payants, a-t-il dit hier, n'est que le dixième des dépenses de l'enseignement secondaire; donc, ils jouissent en fait d'une bourse des neuf dixièmes. C'est àplendide. Alors, demain, si le nombre des élèves gratuits double la dépense totale de l'enseignement secondaire, les élèves payants, par le simple fait que le total de leur ré tribution né couvrira plus que le vingtième de cette dépense totale, seront censés jouir d'une bourse des dix-neuf vingtièmes. Autant dire que les voyageurs payants en chemin de fer jouissent d'une réduction de tarif, puisque les recettes, à cause de ceux qui ne paient pas, n'atteignent pas le chiffre des dépenses. La Chambre n'est pas sans avoir senti, au moins confusément, qu'on abusait du para doxe. Elle a finalement voté un amendement contraire au principe de l'école unique, celui de M. Desbons, refusant la gratuité aux familles ayant un revenu de 50.000 fr. pour un enfant et de 60.000 pour deux en fants. A partir du troisième, la gratuité re paraît sans tenir compte de la fortune. Chose curieuse : cet amendement a été com battu par les adversaires des classes moyen nes ou aisées, et il a été voté par ceux aux quels il imposera une charge. Il est un échec pour le principe de la gratuité, et en même temps un succès pour les ruraux, car le pro duit de ces rétributions scolaires permettra de donner des bourses d'internat aux en-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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