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Journal des débats politiques et littéraires, 12 décembre 1834

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Journal des débats politiques et littéraires
12 décembre 1834


Extrait du journal

I vir, ou ce qu'on aimait, encore mieux, racontait à propos de la moindre chose, des faits, des anecdotes de la cour de Louis XV et de Louis XVI où s'était passée sa jeunesse. Un soir qu'elle écrivait, une des jeunes per sonnes, c'était Pholoée, si l'on m'a bien instruit, imitait en riant la marche de M. Vergés, médecin de la maison, le bruit de sa jambe de? bois sur le plancher et le ton dont il morigénait les petites rebelles qui s'insurgeaient contre ses ordonnance». La vérité de l'imitation et lagalté des jeunes personnes tirèrent un> moment la surintendante de sa rêverie. Mes enfans, leur dit-elle, après un léger sourire, respectez le noble ca ractère du docteur, je n'en connais point de plus honorable. Ecoutez-moi. Le docteur, il y a sept ou huit ans de cela, aimait une jeune personne qui hésitait à lui donner sa main. Désespéré, il part ;il court s'enfermer dans une place qu'assiégaieut les Autrichiens. Leur feu dirigé à dessein contre l'hôpital en éloignait les secours. Médecins, infirmiers tout avait fui. Lui seul y pénétra, lui seul persistait à prodiguer des soins aux btessés, quand un boulet vint lui fracasser le genou. Il fallut l'emporter et lui couper la cuisse. Le bruit de cette belle action se répandit bientôt, et jugez de sa joie quand, sur son lit de douleur, il reçut de la femme qu il aimait une lettre avec ces seuls mots : Je vous épouse. » Après de pareils traits,continua Mœe Campan, l'on a bien le droit d'être un peu sévère; et puis c'est un privilège des médecins de dire la vérité, même au rois. Le médecin de Louis XI le ménageait peu ; et moi-mêmef, tenez, j'ai connu dans ma jeunesse un vieux docteur qui fit un jour une réponse fort vive à l'héritier d'un trône, au Dauphin, fils de Louis XV. Gomme son père, le Dauphin aimait à dire en face des mots piquans; mais il laissait aussi, comme son père, la liberté de la réplique ; vous pensez bien qu'on n'en abusait pas. « Bouillac, dit un jour M. le Dauphin B au vieux docieur, la Gazette de Leyde annonce la mort d'un médecin o célèbre, et dit qu'on lui a trouvé le cœur ossifié : vous avez tous des « cœurs de pierre, vous autFes médecins. Monseigneur, répondit » Bouillac, on nous recommande le secret quand nous ouvrons les grands. » Le mot est dur. Le Dauphin ne répliqua point, et même rien n'annonça par la suite qu'il en eût conservé du ressentiment, ce qui est remarquable, car il était dévot, ou plutôt il feignait de l'être. Sa dévotion était, je i crois, plus de politique que de conviction. Il avait en secret des attache ; mens qui s'accordaient mal avec ses principes. La Dauphine, princesse de Saxe, qui. vécut trop retirée pour qu'on connût bien son caractère, n'avait pas eu toujours à se louer de son mari. C'est là ce.qui la rendit i excusable dans une circonstance dont je puis vous parler entre nous. Vous i me saurez gré de vous dire cette particularité fort secrète, poursuivit • la surintendante, car elle renferme une utile leçon....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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