Extrait du journal
La discussion sur la conversion de la renie, dont la Chambre des Députés s'est occupée aujourd'hui, a été terminée par un mot piquant de Ai. Dupin aîné, qui nous a paru résumer le débat avec jus tesse et le clore heureusement. Un député ayant demandé ce que les membres de la Chambre au raient à répondre à leurs commeltans, s'ils se pré sentaient devant eux sans que la conversion fût décidée : « Vous répondrez à vos. commetlans, a répliqué M. Dupin, qué vous n'êtes pas ministre des finances. » Notas serions tentés d'en dire autant à tous ceux qui soutiennent en ce mo ment l'opportunité d'une pareille mesure, alors même que nous consentirions à en admettre le principe : Vous n'êtes pas ministre des finan ces , vous ne voyez pas à nu le jeu compliqué de cette immense machine qui s'appelle les fi nances de la France; il ne vous est pas donné d'observer jour par jour le mouvement de ses moindres rouages et d'en faire l'objet de votre constante étude; vous savez peut-être comment elle fonctionnait hier, vous ignorez comment elle marche aujourd'hui et comment elle marchera de main. Il est imprudent d'y toucher sans avoir bien pris son temps ; mais grande est la folie d'y porter la main lorsque celui qui la dirige vous crie qu'il y a danger. Non, la conversion n'est pas oppor tune ; l'opinion du ministre des finances, aux yeux des gens sensés, a une autorité que vos discours ne sauraient affaiblir. Soyez hardis jusqu'à la témérité; la hardiesse est aisée quand elle n'entraîne pas une responsabilité personnelle; quant aux hommes sages, ils préféreront toujours s'en tenir là-dessus à l'avis du gouvernement.—Mais le gouvernement, direz-vous, se retranche sans cesse dans la question d'opportunité, et ne trouve jamais que' l'opportunité existe.—Eh! que serait-il advenu s'il avait adopté sur ce point votre aveugle confiance? s'il eût tenté d'accomplir cette immense et désastreuse mesure lorsque vous vous êtes mon trés, comme aujourd'hui, impatiens de l'entrepren dre? C'est sa prudence, c'est sa fermeté qui ont sauvé le pays de votre témérité. Non", encore une fois, il n'y a pas d'opportunité dans la conversion : nous sommes au lendemain d'un emprunt qui n'est point entièrement classé, et c'est là, quoi qu'on en dise, une grande et sérieuse raison. Mais il est une considération qui nous touche plus profondément et qui nous paraît tout à fait décisive : s'il est un moment inopportun quand il s'agit d'entreprendre une opération de cette importance, c'est alors qu'un pays, par un effort inaccoutumé, violent et nécessairement transitoire, se jette dans la voie des grands travaux, des vastes entreprises, alors enfin que tous ses ressorts financiers sont tendus à se rompre; choisir justement cemoment-là pour impri mer au crédit, aux capitaux, à la fortune publique...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - dupin
- dujarier
- denière
- w. jeffs
- de bonald
- bonald
- de salvandy
- portalis
- onslow
- carafa
- france
- paris
- arras
- madrid
- la seine
- stockholm
- lyon
- zurich
- autun
- strand
- union
- cour de cassation
- opposition
- chambre
- adam
- presse
- chambre des pairs