Extrait du journal

FRANCE, EN 183 S. (2e Article.) ( Poir le Journal des Débats du 5 novembre. Dans un précédent article, nous avons montré combien le com merce extérieur du pays était en voie d'augmentation. Il est à re marquer que cependant le produit des droits de douanes reste & peu près stationnaire. A côté de nous, l'Angleterre voit le produit de ses douanes s'élever de jour en jour. Dans l'exercice 1835 les droits d'entrée ont rendu à nos voisins 52 millions de plus qu'en 1834.Cette différence s'explique en partie par l'extension donnée chez nous à la fabrication du sucre de betterave. Le droit sur le sucre colonial est le plus productif de tous les articles de notre tarif • il a donné, en 1831, 39 millions sur 92 de recette brutej et en 1835 36 millions seulement. Tant que nous maintiendrons le statu quo à 1 égard des sucres, le revenu des douanes sera arrêté dans son cours. Il est incontestable que le bien-être se développe plus rapi dement encore en Angleterre que cbez nous ; les Anglais se sont appliqués i I industrie, se sont mis à produire, et par conséquent à consommer beaucoup, un siècle et demi avant nous. Mais il est permis de contester qu'aucune conclusion sur la prospérité relative des deux pays puisse ressortir de la comparaison de leurs recettes dédouanés. Les douanes françaises ne sont fiscales que secondaire ment; leur objet est avant tout de garantir l'industrie nationale contre la concurrence étrangère. Il y a peu d'articles de consom mation que notre sol ne puisse nous fournir : les colons de la Mar tinique et de la Guadeloupe en font aujourd'hui l'expérience. Les Anglais, au contraire, sont absolument contraints de tirer du dehors beaucoup d'objets de consommation. Il ont accepté cette nécessité et en ont fait la pierre angulaire de leur système com mercial : an lieu de boire du vin de leur crû, ils consomment du vin de Portugal, de Madère ou de France, et la taxe sur le vin qui ainsi fait partié du revenu des douanes, leur rend 44 mil lions; ou ils remplacent le vin par le thé, qui paie 97 mil lions au fisc par l'intermédiaire des douaniers. Ils prohibent chez eux la culture du tabac et le frappent à l'entrée d'une taxe qui fait verser toujours dans la caisse des douanes la somme de 85 millions. Us se garderont bien de permettre la fabrication dn sucre de betteraves, parce qu'ils tiennent à ménager leurs im menses colonies des deux Indes; et le sucre, qui occupe dans leur régime alimentaire une plus grande place que dans le nôtre vaut 136 millions à l'échiquier. Avec ce système, les douanes forment le principal chapitre de leurs recettes, 572 millions sur 1,300. En France, la marche des consommations ne peut être indiquée avec quelque exactitude que par celle des contributions indirectes Sous ce rapport, nous sommes en progrès rapide depuis 1830 malgré le temps d'arrêt qu'éprouvent nos recettes de douanes. Les chiffres suivans en fournissent la preuve....