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Journal des débats politiques et littéraires, 11 novembre 1836

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Journal des débats politiques et littéraires
11 novembre 1836


Extrait du journal

PARIS, 40 NOVEMBRE. Nous croyons que l'on peut désormais envisager comme entière ment terminé le fâcheux différent qui s'est élevé entre la France et la Confédération helvétique, et qui a momentanément troublé leurs anciennes .relations. Le projet de réponse adopté par la D ète ex traordinaire satisfait aux justes exigences du gouvernement fran çais ;il constitué, pour le fond comme pour la forme, une répara tion suffisante de l'injure faite à la France dans la personne de son ambassadeur ; il n'a conservé aucune des déclarations qui l'auraient rendu inacceptable, en perpétuant l'offense et en maintenant une partie de l'accusation qui en était Je principal élément. Cette querelle affligeante, et en quelque sorte contre nature entre alliés si anciens et si nécessaires l'un à l'autre, appartient donc déjà au domaine de l'histoire, et nous sommes loin de penser avec l'Opposition qu'elle doive laisser après elle un germe de défiance et d'animosité entre les deux pays. Il faut s'en féliciter, pour la France et pour la Suisse et en savoir gré à la sagesse de l'une comme à la modération de l'autre. Noos n'espérions pas moins t|u bon sens de la Suisse, des dispositions conciliantes que le plus grand nombre des cantons avaient manifestées, de l'impression qu'avait dû produire le langage du gouvernement Français, toujours bienveillant dans sa fermeté. Q iaut àla modération de la France, elle était ici, plus encore que dans toute autre occasion, commandée par le sentiment de sa force, par les souvenirs du passé, par une saine appréciation des besoins et des intérêts du présent. Le dénouement de cette crise a de quoi satisfaire tous les bons esprits ; mais il ne nous étonne point. Nous y avons toujours compté, nous n'avons jamais craint, sérieusement une rupture, qui de la part de la Suisse aurait été contre éllé-mème un attentat inu tile ; car son honneur national est sorti intact de cette pénible et délicate complication. Il n'y a donc plus à revenir sur des griefs éteints, sur des faits dont les conséquences ont été sagement prévenues. Mais nous pen sons qu'il y a lieu de relever quelques erreurs contenues dans la dernière partie du projet de réponse adopté par la Diète extraor dinaire. Assurément nous ne reprocherions pas à la Suisse d'avoir pris soin de mettre ton indépendance et sa dignité nationale hors de question , si la France y avait porté atteinte lè moins du monde; mais nous ne croyous pas que la note du 27 septembre dût rece voir une pareille interprétation, et que la Suisse pût y accuser l'intention même éloignée d'intervenir directement ou indirec tement dans les délibérations de ses conseils. Oa sait que le gouvernement actuel de la France a toujours professé depuis son établissement le plus scrupuleux respect pour les institutions et la politique intérieure des gouvernemens étran gers. Ce principe, qui n'est cependant pas plus absolu que tout autre, et qu'il ne faudrait pas étendre au-delà de sa véritable portée, n'a certainement pas été méconnu par un ministère àla tête duquel se trouve l'homme d'Etat qui l'a si nettement et si courageusement établi en face de l'Europe, au début de la révolu tion de juillet. Non! la France n'a point à se reprocher d'avoir voulu exercer un contrôle qui ne lui appartient pas sur la direc tion actuelle et sur la politique intérieure des cantons suisses. AHSSÎ ne s'en est-elle point occupée ; aussi ne citerait-on pas une seule mesure politique ou législative des gouvernemens suisses qu'elle se soit permis d'attaquer, si cette mesure n'a eu d'intérêt que pour la Suisse, si des traités formels ou un droit pub'ic re copiai par la Confédération elle-même n'ont pas donné le droit à la France, et ne lui ont pas imposé le devoir de réclamer ou de présenter des conseils bienvelllans. En dernier Heu, la France avait àse plaindre de deux choses : de l'abus dix droit d'asile commis par des étrangers tolérés dans le sein de la Confédération, et qu'on y aurait laissés fort tran quilles , s'ils avaient vécu inoffensifs et paisibles : puis est venue cette affaire Conseil, qui se rattachait à la précédente par des liens faciles à saisir et que la France ne pouvait ni méconnaître ni s'abstenir de signaler. Quel est donc le langage tenu alors par le gouvernement français? A-t-il attaqué celte liberté de la presse, à peu près illimitée, dont jouit la Suisse, et à l'abti de laquelle on le calomnie et on l'insulte tous les jours ; cette liberté d'association que les Chambres ont heureusement restreinte en France, et qui en Suisse élève à côté des gouvernemens cantonnanx et des autorités fédérales un immense pouvoir sans responsabilité? A-t-il accusé les institutions démocratiques de la Suisse ou son organisa tion républicaine? A t-il dénoncé ces assemblées populaires où se manifestaient avec tant de violence contre lui-même tant de juge mens faux et passionnés ? Nullement. Mais il connaît quels sont ses ennemis en Suisse : il sait, avec toute la Suisse, avec toute l'Eu rope , quelles sont les influences qui ont malheureusement quel quefois prévalu sur les meilleures inspirations des meilleurs amis de leur pays, et qui, s'il leur eût été donné de prévaloir plus sou vent , auraient précipité la Confédération dans une lutte inégale,...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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