Extrait du journal

La Chambre a élu hier, dans ses bureaux, la commission chargée d'examiner et de rappor ter le budget de 1899. Le seul souhait à former est que la commission n'entrave pas l'œuvre qu'elle est chargée de faire aboutir, et que le budget soit voté le 31 décembre prochain. 11 . faudra, pour cela, que les radicaux renoncent à leurs anciennes traditions; car ils sont en ma jorité dans la commission nouvelle et ils peu vent los lui imposer. La Chambre, il est vrai, pourrait, à son tour y mettre bon ordrè. Ces traditions radicales, consacrées par un long usage, consistent à se servir du budget comme d'un remorqueur, auquel on attache toutes sortes de réformes. Quelque puissant qu'il soit, le remorqueur est resté souvent en détresse, à cause du poids excessif qu'on vou lait lui faire traîner. Mais c'était autrefois une sorte de dogme radical qu'on ne pouvait faire une réforme que par ce moyen. Il y a des dog mes qui finissent ; espérons que celui-là sera du nombre fil nous a déjà fait assez de mal. La Chambre nouvelle a nettement adopté une autre méthode, et nous l'en félicitons : elle a détaché du budget les réformes, ou prétendues réfor mes, pour les confier à une ou à plusieurs com missions spéciales. Ainsi allégé, peut-être le budget arrivera-t-il au port en temps opportun. Toutefois, c'est un vœu que nous exprimons beaucoup plus qu'une espérance. La commis sion du budget n'aura pas à discuter l'impôt sur le revenu; soit, et c'est un grand point; mais sa composition fait craindre qu'elle ne se rattrape sur le détail. Elle va être assaillie d'un très grand nombre d'amendements, qui, tous, auront pour objet d'augmenter les dépenses. C'est la note électorale à payer. Que fera-t-elle? Elle a, nous le répétons, une majorité radicale, ce qui veut dire que l'écluse risque fort de res ter-ouverte au lieu d'être résolument fermée. Comment se fait-il que celte majorité soit radicale, dans la "proposition de 18 contre 15, sur 33membres? Cela tient à des causes assez diverses, dont la principale est précisément que, par une mesure très sage, la Chambre a décidé de mettre les réformes en dehors du budget. Il en est résulté que, parmi les dépu tés compétents en matière financière, une di vision s'est faite : les uns se sont présentés à la commission du budget, et les autres se sont réservés pour les commissions prochaines, en particulier pour celle qui s'occupera du pro jet d'impôt sur le revenu. Et rien n'est plus rassurant. Quelle que soit l'importance de la commission du budget, son œuvre immédiate est'd'âssez courte-haleine, tandis que l'œuvre de la commission de l'impôt sur le revenu durera longtemps. Il s'en faut, en effet, de beau coup que le projet Peytral rallie tous les suffrages ; lés amendements et les. contre projets commencent déjà à pleuvoir sur lui et peut-être un jour le submergeront ils; en tout cas, il y a là une très ample matière à études et à discussions. Le bud get de 1899 réduit à lui-même, débarrassé de toutes les végétations parasites, avec cinq ou six semaines pour le voter, n'est plus qu'une tâche de circonstance à remplir avant d'aborder une œuvre plus considérable. On comprend que l'équipe de nos financiers, déjà si réduite dans la Chambre actuelle, se soit coupée en deux. La commission du budget compte heureusement quelques hommes distingués et expérimentés; mais, heureusement aussi, il y eh a d'autres restés disponibles pour former une autre com mission. Mais, alors, il y aura inévitablement du personnel de: remplissage dans celle-ci œt...