Extrait du journal
vanclie, est toujours vivant : le premier n'a fait qu'un Fidelio ; le second pourra faire encore beaucoup de Moïnas. N'écrivez jamais, disait un sage. Et j'ajoute rai : Parlez le moins possible. Il y a environ deux ans, le bruit se répandit que M. SaintSaëns, renonçant au théâtre, ne travaillerait plus qu'en vue des concerts ; bientôt ce vilain bruit fut confirmé par une lettre du célèbre compositeur exprimant un ennui profond de voir que ses grands ouvrages dramatiques étaient tous délaissés à Paris, tous, sauf Sam son etDalila, et continuant en ces termes : « Je ne vois pas la nécessité de m'user le tempéra ment à faire d'autres ouvrages de théâtre,étant donné que je n'ai pas de spécialité et que tous les autres genres de musique me réclament. On me demande à. cor et à cri des quatuors, des morceaux de concert pour violon, violon celle et autres instruments. Je ne crains pas de manquer de besogne, et, pour ce qui est du théâtre, j'en ai assez. Le ballet de Javotte sera le post scriptum de ma carrière théâtrale. » Heureux, le compositeur qui peut parler avec cette belle assurance et tirer ainsi sa révérence au public des théâtres ; heureux, l'artiste à qui les commandes viennent en si grand nombre,— il le dit lui-même,.— qu'il n'y peut suffire et se sent dès lors libre de choisir ! Cette résolution subite jeta la consternation dans l'esprit de beaucoup de gens. J'envisageai les choses avec plus de philosophie et me dis que, du moment que M. Saint-Saëns avait encore accepté de se distraire avec Javotte,. il se laisserait tenter de même par quelque autre travail qu'on aurait l'art de lui présenter comme une amusette, et que, de fil en aiguille, il en arriverait à récrire ou des opéras, ou des ballets, enfin de la musique dramatique comme par le passé. Le voilà qui y marche. Il a suffi que Louis Gallet lui demandât de composer un peu de musique sur son drame antique, en prose rythmée, Déjanire, pour que M. Saint-Saëns entreprît ce travail, qui le ramenait cependant vers le théâtre. Il s'y attela de grand cœur: cet essai de restitution du théâtre antique, qu'on projetait de faire à Béziers, flattait si bien des idées qu'il caressait depuis longtemps, sans parler de la concurrence française que Béziers, après Orange, essayait de faire à Bayreuth, qu'il ne laissa à personne autre le soin de pré parer l'exhibition de cettQ JDéjanire où sa mu sique allait primer visiblement la prose, même rythmée, du pauvre Gallet: au jour solennel, il fut là, dans les Arènes, sous un soleil de feu,...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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