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Journal des débats politiques et littéraires, 14 novembre 1898

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Journal des débats politiques et littéraires
14 novembre 1898


Extrait du journal

Le mot de discipline républicaine est un mot qu'on doit s'interdire de prononcer, si l'o"n re connaît, et c'est l'évidence même, qu'il y a dans le parti républicain des éléments de dés ordre, de destruction sociale, des éléments ré volutionnaires, contre lesquels la lutte est, pour le pays et pour la République elle-même, une question de vie. ou de mort.. Parler, dans de telles conditions, de discipline républicaine, c'est proclamer que l'on renonce à cette lutte. Cette discipline-là, c'est la désertion et la fuite. C'est le mot équivoque de discipline répu blicaine qui a été le signal de la débandade ac tuelle des progressistes. Ils avaient à établir la discipline dans leur propre parti. On leur a fait entendre qu'ils devaient se soumettre à la dis cipline républicaine. Aussitôt la confusion s'est mise dans leurs rangs. Il en est résulté quel que chose qui ressemble à une déroute. C'est aussi la discipline républicaine qui oblige le ministère actuel à subir des exigen ces auxquelles il cède sans doute à regret. C'est en considération de la discipline répu blicaine qu'il s'est cru tenu, la première fois qu'il a pris la parole devant le Parlement, de déclarer qu'il repoussait les concours qui ne séraiënt pas strictement conformes au principe de la discipline républicaine, qu'il ne voulait qu.'une majorité de discipline républicaine, une majorité composée exclusivement d'authen tiques républicains. Déclaration imprudente! On le lui fait bien voir. Dès qu'il l'eut faite, les radicaux com prirent qu'ils étaient maîtres de la situation. Quelle bonne fortune pour eux de pouvoir, à tout moment, renverser le ministère avec une majorité que le ministère jugerait de trop mau vais aloi pour lui donner le droit de vivre ! D'autre part, il est inévitable que ceux dont le Cabinet dédaignait et refusait a priori l'ap pui sentissent une forte inclination à le pren dre au mot. C'est vraisemblablement ce qu'ils ont fait. Ainsi, dans l'élection de la commis sion du budget,, il. n'est pas téméraire de sup poser que la Droite n'a pas été étrangère au succès des radicaux. Les progressistes, ceux du moins qui partagent l'opinion du ministère sur la discipline républicaine, seraient assez mal venus à s'en plaindre. Ils ne veulent pas des voix de Droite. Eh bien ! ils sont servis selon leurs souhaits. Ce n'est pas que nous approuvions la con duite de la Droite, si réellement, dans cette circonstance, elle a fait le jeu des radicaux. Elle aurait pu choisir une meilleure occasion pour prouver au ministère que ses suffrages ne sont pas si méprisables. Il y a bien d'autres circonstances où elle aurait été à même de faire cette démonstration, sans porter atteinte aux intérêts généraux •- et vitaux du pays ; qu'elle prouve que, si elle n'est pas ju gée digne de contribuer à faire tenir un ministère debout, elle est capable de le ren verser: c'est son droit, et c'est de bonne guerre. Mais elle n'aurait aucun profit à tirer, au point de vue des intérêts qii'elle prétend défendre, à ce jeu de massacre de ministères, si elle ne montrait en même temps qu'elle est capable d'autre chose et qu'elle est apte à jouer un rôle moins négatif. Sans doute, elle en a donné la preuve, il n'y a pas encore fort longtemps, et son attitude, pendant la durée du minis tère Méline, ne doit .pas être .oubliée. Mais, depuis, la Chambre a été -, renouvelée. Une nouvelle Chambre perd facilement le sou venir de tout ce qui s'est fait avant, son règne. Celle que nous possédons actuellement diffère de l'ancienne, sinon par lés éléments fondamentaux, du moins par l'esprit dont elle est animée. Après les élections de part et d'au tre, à droite, à gauche, les dispositions'étaient changées. L'expérience que l'on fait mainte nant.en est la preuve. Mais elle ne sera sans doute pas éternelle. L'excitation née de la lutte électorale tombera. C'est alors que le classe ment et lés accords dès partis sortiront de la confusion actuelle. En attendant ce moment il faut que les hommes modérés et les hommes d'ordre ne se jettent pas trop avant dans la lutte, et qu'ils ne fassent pas naître des dissentiments irréparables. Il importe surtout qu'on ne laisse pas prendre aux radicaux des positions dont il serait peut-être difficile de les déloger ensuite. G'estdéjà beaucoup, c'est infiniment trop de leur avoir permis de s'emparer de la commission du budget. Si on leur livrait d'autres grandes com missions, par exemple celle qui sera saisie des nouvelles lois fiscales, le mal serait plus grand encore. L'essai de concentration qui se poursuit actuellement est certainement une chose dan gereuse et dont il est probable que le radica lisme seul aura tous les profits. Les hommes !...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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