Extrait du journal

Le mouvement gréviste qui s'est développé dans la région parisienne a au moins un mérite : il est clair. Il est inspiré par des agitateurs moscovites et il est nettement poli tique. Pour ses débuts, le Cabinet Daladier se trouve aux prises avec un» difficulté que les survivants du Front populaire ne sont pas disposés à diminuer. H Dans ces grèves qui se prolongent, tout le monde reconnaît l'action des Soviets. La législation nouvelle, im provisée par le Front populaire, avait la prétention de régler les questions ouvrières de manière à rendre les grèves moins fréquentes. Le contrat collectif et l'arbitrage obligatoire devaient faire merveille. Jamais il n'y eut plus de cessations de travail, parce que le bolchevisme cherche à amener la révolution par le mécontentement général. Le Cabinet Blum, qui tirait grande vanité de cette législation nouvelle, a toujours été incapable d'en assurer le respect. C'est un des traits les plus curieux de ce pouvoir des masses, sur lequel le Cabinet Blum prétendait s'appuyer. En réalité les masses n'ont jamais montré aucun respect particulier pour le, Cabinet Blum qui était à leurs ordres, rîles consomment, selon l'histoire régu lière des révolutions, leurs dirigeants. Le Cabinet Blum paraît n'avoir pas réussi à savoir si les mouvements grévistes étaient destinés à le servir ou à le ruiner. Il a succombé sans avoir compris. Le Cabinet Daladier est préservé de ces incertitudes. Il ne peut avoir aucun doute. Il a tous les moyens de s'informer, et il sait parfaitement que les grèves sont dirigées c. : tre lui. Non que les ouvriers français aient grande envie de manifester contre le ministère. Les ouvriers français, livrés à eux-mêmes, n'ont ni haine ni parti pris. Mais ils sont devenus des esclaves entre les mains des meneurs communistes. Ils ne font pas la grève de leur plein gré. Ils la font par ordre, parce qu'ils sont inti midés et durement traités par les maîtres révolutionnaires qu'ils se sont naïvement donnés....