Extrait du journal

Mais ce serait sa faute si elle ne tenait pas compte désormais des faits et si elle se conduisait dans le monde tel qu'il est avec l'illusion qu'il est déjà le monde qu'elle rêve. De pareilles erreurs se paient cher. Elles vouent les générations futures, sous prétexte de les préserver, aux pires menaces et à de durs malheurs. Après douze années de bons procédés, après la réduction de nos créances, après l'évacua tion anticipée de la Rhénanie, quel est le progrès du monde ? Quelles voix nous viennent d'Allemagne ? Hitler dit: « Je débarrasserai l'Allemagne du pacifisme et de. la démocratie. » Hindenburg dit : « Toutes les anciennes terres allemandes doivent redevenir allemandes. » Et, à eux deux, Hitler et Hindenburg auront demain trente millions de suffrages sur les trente cinq millions de votants. On comprend, dans ces conditions, que le président du Conseil résume sa pensée en disant que la France est « prête à de mander à la paix organisée les garanties que l'état présent du monde oblige encore de demander à la force. » On comprend que la Commission sénatoriale des affai res extérieures se préoccupe de la position de la France à la Conférence de Genève «t de la réduction des armements. L'im mense effort des peuples vers la paix s'est heurté à de redoutables obstacles. En 1919, c'est l'Amérique qui a rejeté le pacte de garantie. En 1932, ce sont les peuples assemblés à Genève qui hésitent devant l'institution de l'assistance mutuelle. Et, de 1919 à 1932, surtout depuis 1924, c'est l'Allemagne qui, ayant toujours accepté...