Extrait du journal

PARIS,. 12 NOVEMBRE. La majorité de la Reine vient d'être proclamée par les Corlès d'Espagne. Les hommes de tous les partis, à bien peu d'exceptions près, se sont réunis pour con courir à ce grand acte de politique nationale. Elle est bien jeune cette princesse sur laquelle reposent tant d'espérances ! ses mains sont bien faibles pour soutenir le poids d'un sceptre ! Mais elle représente un principe qui liera sa force et, nous l'espérons, le salut de l'Es pagne, le principe de la royauté constitutionnelle. C'est en son nom que le vieux despotisme a été vaincu et chassé d'un pays qu'il avait réduit à une affreuse lan gueur ; c'est son drapeau qui a fait fuir le drapeau de Don Carlos; c'est sur son berceau que les libertés de l'Espagne ont été proclamées. Oui, c'est un enfant ; et toutefois tant, d'hommes éminens que les longs troubles de l'Espagne ont successivement jetés sur la scène poli tique , les Marlinez de la Rosa, les Isturitz , les Lopez, les Olozaga, les Narvaez sentent le besoin qu'ils ont de cet enfant pour mettre un terme aux malheurs et aux divisions de leur pays. Ils secourront de leur dévoue ment et de leurs lumières la faiblesse de son âge; elle leur donnera une force que la royauté seule peut don ner , la royauté qui n'est d'aucun parti, qui n'a d'inté rêt que l'intérêt général, qui représente l'unité même de la nation ! Sans doute nous n'espérons pas que l'influence magique et l'autorité du nom de la Reine fassent immédiatement tomber les armes des mains de toutes les factions. Les vieilles et profondes plaies de l'Espagne ne seront pas miraculeusement guéries parce que la Reine est pro clamée majeure. Il faudra peut-être bien des années encore d'un gouvernement ferme et habile pour que l'Espagne rétablisse ses finances, introduise l'ordre et la discipline dans son administration, s'habitue à la liberté...