PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 14 février 1906

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
14 février 1906


Extrait du journal

M.Jaurès ne dissimule pas que c'est «un grave échec » pour les socialistes d'qvoir perdu la municipalité de Limoges. Ce qui vient de se passer à Limoges s'est d'ailleurs passé dans toutes les villes où l'expérience du socialisme municipal a été faite. Il est à peine utile de rappeler l'exemple de Roubaix et de Marseille qui est encore présent à toutes les mémoires. Le même phénomène s'est produit à des dates plus éloignées à Saint-Denis, à Saint-Ouen et dans nombre de localités moins importantes. A Brest, les dernières élections partielles ont été un éclatant désaveu pour la municipalité révolutionnaire et si la majorité du Conseil /avait démissionné comme le moindre souci de sa dignité le lui commandait, elle aurait été balayée haut la main. Ce n'est que partie re mise. Partout où les socialistes ont été vus à l'œuvre, l'effet a été prompt et décisif. C'est là assurément la principale raison du succès des progressistes à Limoges. On les a nommés pour réparer les maladresses, les abus et les sottises de tout genre qui en quelques mois avaient conduit une grande ville à l'anarchie chronique. Et ceux des radicaux qui, dans cette occasion, ont voté avec les modérés ont été inspirés par un sentiment de révolte contre le passé et de crainte pour l'avenir. M. Jaurès, qui plane dans une région supra terrëstre où les contingences de la vie quoti dienne n'ont aucune action, s'étonne que la suppression des crédits concernant la police ait donné à réfléchir au « petit commerce »; Son étonnement ne nous étonne pas. Il est as sez indifférent, quand on contemple les événe ments du point de vue de Sirius, qu'une ville J soit « livrée sans contrôle et sans défense à tout le vandalisme, à toute la sauvagerie des appétits individuels ». Mais c'est une éventua lité qui n'est pas sans inconvénient pour qui conque vit de son travail et non de sa parole. Ce qui est surprenant, ce n'est pas qu'une bonne moitié des radicaux ait résolument tournôle dos aux socialistes, c'est qu'il s'en soit trouvé encore une si forte minorité pour ne pas entendre la voix de l'instinct de conservation. Mais à me sure que les conséquences du socialisme se manifesteront par des actes, on verra les mas ses, même radicales, se détourner d'une al liance qui n'a jamais rapporté aux radicaux que des servitudes sans compensation. Ce phé nomène se manifeste d'abord aux élections municipales parce que c'est sur ce terrain que les socialistes sont le plus promptement dê rnasqués pour ce qu'ils sont, mais un jour vien dra, il esc même venu, où la question se posera de même pour les élections législatives et où les radicaux se sentiront forcés de choisir entre les deux sentiers qui s'ouvrent devant leurs pas. L'inquiétude de M. Jaurès prouve qu'il s'en rend parfaitement compte. Il s'épuise ce matin à démontrer aux radicaux qu'ils sont perdus, qu'ils courent au suicide, s'ils font ailleurs Ce qu'ils ont fait à Limoges. Il ne leur est pas per mis de fausser compagnie aux socialistes sous peine d'être « absorbés et noyés dans une poli tique de résistance ». Mais M. Jaurès se garde de montrer l'autre face de la médaille. Si les radicaux continuent, comme ils l'ont fait long temps, à marcher à la remorque et dans le sil lage des socialistes, en seront-ils plus vivants? « Il n'est question que de ma mort là-dedans », s'écriait un personnage de comédie. C'est un peu le cas des radicaux. Leur parti n'a jamais eu de programme propre. Chaque fois qu'il a essayé d'en formuler un, il l'a emprunté pour moitié aux progressistes et pour moitié aux socialistes. Il a emprunté aux progressistes les réformes pratiques, utilement démocra tiques, possibles à réaliser, sur lesquelles tous les républicains pourraient se mettre...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • jaurès
  • de radowitz
  • révoil
  • masséna
  • melzi
  • charles
  • memmi
  • lamy
  • andré beaunier
  • michel mérys
  • france
  • bonaparte
  • allemagne
  • algésiras
  • limoges
  • maroc
  • paris
  • italie
  • bos
  • russie
  • cologne
  • la république
  • chaumet
  • vaucluse
  • havas
  • agence havas
  • vive la république
  • palazzo reale