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Journal des débats politiques et littéraires, 13 février 1906

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Journal des débats politiques et littéraires
13 février 1906


Extrait du journal

où les choses se sont aussi irrégulièrement- passées-, il est difficile de faire rentrer dans la catégorie ides opérations à procédure illégale les inventaires qui ont donné lieu ces jours derniers à de si regrettables incidents. On voit en effet que dans la plupart des cas, les agents des domaines, soit à leur première vif site, soit à une visite ultérieure, ont été reçus par les curés et par les fabriciens, qui après avoir lu une protestation, se sont tenus prêts à assister à l'inven taire. Cette attitude était d'ailleurs conforme aux recommandations des évêques. Nous avons sous les yeux, par exemple, les instructions données à Lyon*les résolutions prises par les conseils de fabrique de Bordeaux. Elles portent que les fabriciens et les curés seront présents à l'inventaire ; elles indiquent qu'ils y seront témoins mais qu'ils n'y participeront pas. Elles ne parlent pas do créer des difficultés à l'agent des domaines, ni de lui rendre sa mission impossible; elles en prévoient, au contraire, l'ac complissement. Dans ces conditions, il semblait que la procédure fût des plus simples, et elle l'aurait été sans les manifestations dû dehors. Les difficultés, dans l'établissement des inventaires, fppt venues, non des églises, mais de la rue, non dès fabrieiefl!} . et du clergé, mais des manifestants. S'il a fallu l'intervention de, la police, ce n'est pas contre les représentants légaux des églises, c'est contre leurs défenseurs bénévoles et mieux intentionnés qu'opportuns. Est-ce là ce qu'on peut appeler une «.exécution forcée » ? M. Groussau paraît croire que oui et cela nous étonne. Dans la première et la plus bruyante des manifestations, à Sainte-Ciotilde, peut on dire que c'est contre le curé et les fabriciens que le gouvernement a dû intervenir? Bien au con traire, curé et fabriciens étaient prêts à l'inventaire, c'est la foule qui s'y est opposée, et s'il y a eu quel que chose de forcé, ce n'est pa3 l'exécution, c'est l'inexécution. En un mot," là où les agents des do maines étaient d'accord avec le curé et les fabriciens, ils étaient en règle : ni les décrets ni les circulaires ne pouvaient prévoir qu'il faudrait se mettre d'ac cord aussi avecles manifestants. Le gouvernement ne connaît que les représentants légaux des établisse ments, les curés et les fabriciens. C'est eux les seuls juges de la conduite à tenir en cette affaire. On semble vraiment l'oublier un peu trop, et tou tes ces questions de procédure n'auraient aucune espèce d'importance si les fidèles s'en étaient remis à la décision de leur clergé, au lieu do vouloir lui donner des conseils ou plutôt des ordres. La Semaine religieuse de Paris, tout en usant dp paroles fort modérées, avoue qu'elle ne pouvait pas croire que les catholiques manqueraient aussi gravement à la discipline, et elle blâme avec net tété la yioleggq gui a poussé des manifestants à dire ,à leurs pasîetirs : « Vous n'êtes que notre gérant! » Dans un entretien qu'il a eu sur le même sujet avec un rédacteur de la Dépêche de Lyon, M". F. Brunetière explique, de son côté, avec sa vigueur accoutumée, que l'inventaire n'a « rien d'attentatoire aux droits des catholiques », qu'en tous cas c'est aux ecclésiastiques, non aux laïcs, à indiquer quelle est la conduite à tenir, et que des manifestations comme celles de Sainte-Ciotilde où le curé a été bravé par la paroisse sont inadmis sibles. Si donc les curés et les fabriciens estiment que le plus simple est de s'entendre directement avec l'agent des domaines, point n'est besoin do compliquer la procédure. Ceux-là seuls souhaitent d'embrouiller la situation qui veulent tirer des évé nements présents une agitation politique plus que religieuse et dont la religion, nous le craignons, aurait grandement à souffrir. Ce doit être pour le clergé qui fait preuve de sagesse dans la grande ma jorité des cas, une raison de plus de maintenir les fidèles impatients dans une juste observance. Et ce doit être surtout pour lo gouvernement une raison parfaite de publier enfin le décret qui doit compléter la loi de séparation et qui permettra à l'autorité ecclésiastique de se prononcer sur tous les points délicats de la loi....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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