Extrait du journal

Les organisateurs du mouvement gréviste avaient pensé ne pas laisser les campagnes en dehors de leur action. Ils ont, en certaines régions, fait occuper des fermes. La Fédé ration nationale des travailleurs de l'agri culture a lancé, il y a quelques jours, un appel, tendant à la cessation du travail aux champs comme elle a été pratiquée à la ville si satisfaction n'était pas obtenue le 14 juil let.' A cette menace, les employeurs ont ré pondu qu'il était impossible de signer un accord engageant sur le pied d'égalité toutes lés régions agricoles et qu'il convenait dé traiter directement avec le personnel. Hier, les délégués communaux des sections du parti agraire de la Côte-d'Or, réunis à Dijon, ont débattu cette question. Ils ont, dans une mo tion votée à l'unanimité, exprimé « leur dé cision irrévocable de s'opposer par tous les moyens, y compris la force, à l'occupation de leurs propriétés et au débauchage des ou vriers agricoles ». Cette motion, qui a été remise à la préfecture, avertit les pouvoirs publics que les paysans ne toléreront pas les procédés dont on a usé envers le commerce et l'industrie et se réservent de prendre tou tes dispositions utiles pour faire respecter leurs droits et leurs libertés professiomielles. L'attitude prise ne laisse place à aucune incertitude. Les pouvoirs publics, d'ailleurs, après les déclarations qu'ils ont faites solen nellement, ne sauraient blâmer la motion dijonnaise. L'ordre doit régner dans tout le pays. Pour qu'il règne, il est de toute nécessité que la liberté du travail soit respectée, que la pro priété individuelle ne soit point violée. Les paysans qui ont rédigé la motion de Dijon ne sont pas agressifs; ils ne vont pas tra casser autrui, mais ils ne veulent pas être tracassés eux-mêmes. Ils veulent que toutes leurs libertés restent intactes. Charbonnier veut être maître chez lui et ne se commettre qu'avec qui lui convient. Il est vraiment malheureux qu'aujourd'hui de telles affirma tions ne puissent pas être jugées superflues...