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Journal des débats politiques et littéraires, 14 juin 1832

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Journal des débats politiques et littéraires
14 juin 1832


Extrait du journal

PARIS, 13 JUIN. L'Opposition vit à Paris ; elle parle à des hommes qui sont à Pa ris, qui voient, qui entendent ;et cependant l'Opposition s'est mise en tête de prouver que la terreur règï;f. à Paris. L'Opposition écrit quinze jours après un essai d'assemblée extra parlementaire , après une délibération où fl a été traité de la répu blique, de ses chances, de sa possibilité, sans que l'assemblée se soit séparée, sans que les membres qui aujourd'hui excommunient la révolte républicaine, aient trouvé alors contre la révélation du pro chain avenir de la république , d'autres paroles d'excommunication que celles-ci : Ne parlons pas de république! cela effraierait ! Elle écrit quinze jours après une telle délibération , après une telle discussion , et elle veut prouver qu'elle est innocente , innocente . non des crimes commis, personne ne l'en accuse (il y a peu d'habits noirs, peu d'hommes d'âge mur et prudent qui se soient fait tuer pour la révolte ), mais innocente de l'effervescence des passions , innocente de l'égarement des esprits , innocente du fanatisme de la jeunesse. L'Opposition veut être irréprochable : l'Opposition veut que la terreur soit à Paris. En vérité , pour parler ainsi il faut compter sur la crédulité des Parisiens un peu plus encore que l'in surrection ne comptait sur leur faiblesse ; il faut croire qu'on aura meilleure raison de leur jugement que de leur courage : il faut s'i maginer qu'ils ont oublié ce qu'ils ont lu il y a quinze jours , et qu'ils ne voient pas ce qui est devant leurs yeux aujourd'hui. La terreur est à Paris ! Oui, et l'Opposition parle , l'Opposition écrit. Trente ou quarante avocats , qu'on appelle le barreau de Paris , consultent impartialement sous la présidence de M. Mau guin , dont le nom fait un contraste malicieux avec l'obscurité du plus grand nombre des autres. Douze ou treize autres avocats, qu'on appelle à leur tour l'Ordre des avocats à la Cour de cassation (ils sont soixante au tableau), consultent de leur côté. Du reste, la terreurestàParis !—C'est donc de l'héroïsme que de parler, d'écrire etde consulter avec ce calme et ce sang-froid?—Sansdoute, c'est de l'héroïsme ,et malheur à nous ! dit l'Opposition, qui ne sentons pas tout, ce qu'il y a de beau là dedans, malheur à nous qui accu sons lOpposition dans de pareils momens, qui profilons de la terreur pour accabler des victimes , pour insulter des martyrs ! Des martyrs! l'Opposition en fait, mais elle n'en a pas • les mar tyrs et les victimes, ce sont ces soldats qui sont, tombés frappés du plomb ; ce sont ces gardes nationaux que le bruit de la fusillade et du péril n'a pas empêchés d'entendre le bruit du tambour qui les appelait, qui ont quitté leurs femmes , leurs enfans , leur commerce , pour aller risquer leur vie à la défense du Roi et de la Charte de 1830. Les martyrs et les victimes,ce sont aussi ces malheureux fana tiques qu'a enivrés la parole de haine, et qui sont morts sans pitié , sans gloire, mais non sans courage; ce sont ces prisonniers qui at tendent leur jugement, et qui vont paraître devant la justice mili taire, coupables du crime de guerre civile ; ce sont ces hommes à qui. on a dit sans cesse que la Charte de 1 830 était illégitime, que la royauté était parjure aux promesses de l'Hôtel-de-Ville, que le gou vernement conspirait contre la gloire du pays, que la France était humiliée entre les nations , et c'est sur la foi de ces paroles que la jeunesse s'est armée et a péri ; voilà pour nous les martyrs et les vic times',! ceux-là , à Dieu ne plaise que nous disions d'eux autre chose sinon qu'il aurait mieux valu tomber pour une meilleure cause ! Que ce soit leur punition qu'ayant péri à vingt aus ils se soient privés avant la mort de ce tribut de pitié qui ne se refuse jamais à la jeunesse qui meurt avant le temps. Et ceux que la guerre a épargnés et que la justice menace, ceux là surtout nous nous ferions conscience de dire un mot qui pût...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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