Extrait du journal

Naturellement, il serait tout à fait vain ide tenter une énumération des questions qui ont été examinées dans le Conseil d'hier et de prétendre être en mesure de révéler quoi que ce soit sur ce qui a pu être dit. Mais on peut être sûr qu'aucun des problèmes qui s'imposent à l'attention des chefs français et anglais n'a été né gligé. Tout se tient dans la lutte qui est engagée et qui sera poursuivie jusqu'au bout pour mettre l'Allemagne à la raison et l'empêcher de renouveler désormais ses entreprises criminelles. C'est si évident qu'on ne commet aucune indiscrétion en écrivant que, sans parler de la pression économique, l'action diplomatique néces saire a figuré au programme au même titre que les opérations militaires. Tous les moyens concourent au même but : la défaite de l'Allemagne ; la politique et la diplomatie soutiennent et facilitent le tra vail des armées et des flottes. Dans sa sobriété, le communiqué a dit l'essentiel. Affirmant la résolution, prise par la France et la Grande-Bretagne de consacrer toutes leurs forces et toutes leurs ressources à la lutte qui leur a été imposée, il ajoute qu'elles sont décidées à donner à la Pologne, qui résiste avec tant de bravoure à l'invasion brutale de son ter ritoire, toute l'assistance en leur pouvoir. C'est ce qu'il importe de faire compren dre une fois pour toutes aux Allemands. Au surplus, la France et la Grande-Breta gne ont déjà pris soin d'exprimer de la manière la plus éclatante leur volonté à cet égard. Elles ont signé avec la Pologne des traités comportant l'engagement de ne conclure aucune paix séparée, c'est-à-dire de ne pas arrêter le combat avant d'avoir brisé la force de l'Allemagne et de l'avoir mise dans l'impossibilité de nuire. Le même engagement lie entre elles la France et l'Angleterre. Il prendra peut-être place dans un traité. Cela n'a d'ailleurs qu'une importance secondaire, car cette résolu tion existe, elle est inébranlable et elle a été prise par deux nations qui ont l'habi tude de tenir leur parole. La France et la Grande-Bretagne ne feront jamais rien l'une sans l'autre et leur action ne cessera pas d'être conduite sur tous les terrains en commun. C'est ce que signifie avant tout cette première réunion de leur Conseil suprême. PIERRE BERNUS....