Extrait du journal

On invoque la lassitude qui suit une crise longue et difficile. On compte sur la proximité des vacances, sur la fin de ia session, pour arracher à la mollesse ou à l'indifférence un vote qui donne du répit. Nous ne voyons pas l'intérêt de ce délai accordé à un mauvais ministère. Nous en voyons les inconvénients. Une crise nouvelle, beaucoup plus facile à ré soudre que la précédente après un vote de la Chambre, est cent fois moins grave pour l'intérêt public que l'installation d'un ministère qui est la négation même de tout ce que la Chambre a tenté depuis le début de la législature. • Il est évident que le nouveau ministère va travailler l'Assemblée. S'il se présente jeudi au Palais-Bourbon, ce n'est pas qu'il ait besoin de quatre jours pour rédi ger sa déclaration ministérielle, qui sera néant. Mais il en a besoin pour faire ses pointages, pour ouvrir ses dossiers, pour méditer sur l'affaire Oustric, et pour ras sembler les suffrages qui lui manquent. Grande épreuve pour les consciences in certaines, les ambitions, les timidités et les appréhensions. Grand spectacle pour le peuple souverain. Que feront les socialistes ? Qu'on n'en doute pas. Ils voteront avec ferveur pour le ministère Steeg. Mais ils jouent la co médie de l'hésitation. Et peut-être se croient-ils obligés pour les électeurs de pa raître u,n peu dégoûtés. Le Populaire a publié un article d'une subtilité comique, où il énumère toutes les raisons qu'ont les socialistes d'être opposés à M. Steeg, et toutes les raisons qu'ils ont/de le sou tenir. Pas de conclusion formelle. Le parti se recueille, le réfléchit, le parti va se décider. En vérité ? Nous sommes per suadés que le parti est tout acquis à M. Steeg. Mais il ne lui donnera pas son con cours pour rien. Il sait qu'il n'a que des ordres à donner pour être obéi. On peut être certain qu'il en donnera....