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Journal des débats politiques et littéraires, 15 juillet 1848

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Journal des débats politiques et littéraires
15 juillet 1848


Extrait du journal

PARIS) 14 JUILLET. La journée d'aujourd'hui, 14 juillet, qui avait excité quelques inquiétudes, s'est passée tranquil lement. Nous n'avons pas appris, du moins à l'heure où nous écrivons, que l'ordre ait été troublé sur aucun point de la capitale. Le gouvernement avait compris son devoir, et il avait pris ses mesures pour faire face au danger si le danger reparaissait. Nous le remercions de sa vigilance et de sa fermeté. Une proclamation, insérée ce malin au Moniteur et affichée dans tous les quartiers, a produit le meilleur effet. On ne peut qu'applaudir à la sa gesse et à la franchise des conseils que le pouvoir adresse à la population de Paris. Pour la première fois depuis cinq mois, le gouvernement a vu ses en nemis où ils étaient ; il a cessé de les voir où ils n'étaient pas : c'est un progrès que nous sommes heureux de constater. Quant aux bruits alarmans qui ont circulé depuis quelques jours, s'ils étaient sans fon dement, eommo on nous en donne l'assurance officielle, il faut s'en féliciter pour l'honneur de notre pays et do notre siècle. Mais ce n'est pas une raison pour l'autorité ni pour la population ar mée do se relâcher en rien de leur zèle et de leur énergie patriotiques. Les passions conjurées contre la paix publique, la civilisation, la société, la pro priété, la famille, nous ont donné la mesure de leur criminelle audace et de leur infernale perversité. Ne croyons pas trop tôt ni trop aisément à leur sou mission définitive. Elles fermenteront, elles s'agi teront longtemps encore avant de perdre tout espoir et de s'avouer vaincues. On peut môme croire qu'elles vivront, qu'elles se fortitieront maintenant de leur désespoir. Que le gouvernement, que la garde natio nale restent donc sur le qui-vive. Le chef du pouvoir exécutif a dans ses mains les armes extraordinaires qu'il a crues indispensables pour l'accomplissement delà grande mission qu'il a reçue de la patrie. Qu'il ne s'en dessaisisse pas avant le mo ment convenable. Quoi qu'il en ait pu coûter à nos principes, à notre sincère attachement pour la li berté, nous avons admis sans hésiter dès le pre mier jour, et nous admettons encore pour quelque temps, la nécessité de ce régime exceptionnel C'est à cette seule condition que nous pourrons remonter le courant que nous avons descendu si rapidement. Toute confiance prématurée, toute illusion serait fatale. Il faut, que le pays le sache bien et qu'il s'y résigne ! Voici la proclamation dont nous avons pai le : « Les bruits les plus alarmons sont répandus à des sein dans la cité. En présence d'une disposition heu reuse au retour àla confiance, en présence de la re prise de quelques travaux propres à rendre aux ou vriers une situation respectable, propres à faire ces ser à tous les degrés la gêne du commerce et de l'in dustrie, propres à soulager le trésor de la République d'une charge pesante, des citoyens, indignes de ce titre, se plaisent à reproduire les nouvelles les plus çienaçantes : ils parlent d'agressions nouvelles, ils racontent les projets insensés qu'eux-mêmes ont fait «clore dans les rangs des ennemis persévérans de tout ordre, de tonte liberté. i> Si la souffrance n'inspire au gouvernement de la République qu'un sentiment de fraternelle sympa thie, ces hommes, quant à eux, n'y voient qu'une douleur à exploiter contre les intérêts de la société, contre la société elle-même, et parce qu'il auront eu le criminel courage de faire saigner des plaies récen tes, ils osent lever la tête et se disent républicains ! » La République est une loi d'affection et de dé vouement , c-lle n'est point un code de haine et de fureur. Le pouvoir exécutif, heureux et fier d'avoir planté le drapeau républicain en face de celui de la révolte contre la loi humaine, déclare au rora de la nation que ces dangereux ennemis n'ont pas le droit de se parer d'un titre que la vérité accorde à d'autres pensées, que L'histoire réserve à d'autres actes. » Les véritables républicains, quels que soient leur âge, leur date, sont ceux qui ne veulent pas recon naître que le bonheur du peuple puisse être dans le chaos, qui ne veulent pas exposer l'avenir de la Ré publique à ce danger redoutable, que la nation, fati guée, haletante, s'arrête un jour, croyant n'avoir plus à se prononcer qu'entre le despotisme des anciennes formes et le despotisme de la destruction. »" Que les bons citoyens se rassurent, leur sécurité sera dans le calme même de leur attitude et de leur pensée; le pouvoir public connaît ses devoirs, il les remplit avtec conscience : la fortune de la République aura plus de puissance que le génie de la violence et du désordre. »...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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