Extrait du journal

AU RÉDACTEUR. Pari?, le 45 juillet 1848. Monsieur, Dans un compte-reuilu d'ailleurs très bienvcil lanl, que publie aujourd'hui le Journal des Débats, d'une conférence tenue ces jours derniers chez M. le général Cuvaignac au sujet de la situation des co lonies, il s'est glissé deux erreurs graves que je vous prie de vouloir bien rectifier dans le Numéro de demain, car la malveillance pourrait s'en emparer pour répandre l'inquiétude dans les populations récemment affranchies et susciter des troubles. Je veux parler d'abord d'une proposition qui, d'après ce compte-rendu, aurait été faite parles re présentons et par les délégués des ports de mer et des colons de rapporter le décret du 4 mars qui proclame l'émancipation immédiate, et d'y substituer un système d'émancipation graduelle avec indem nité. Appelé à représenter la Martinique dans cette conférence, je déclare que je ne me serais jamais associé à une proposition de cette nature, et qu'il n'a pas été dit un mot qui décelât chez aucun de nous la pensée de revenir sur les faits accomplis. Personne ne serait assez insensé pour concevoir une pareille penecc. Il est inexact de dire que le décret du 4 mars a proclamé l'émancipation immédiate. Ce décret se bornait à instituer une commission pour préparer l'acte d'abolition de l'esclavage. Ce que nous lui avons toujours reproché, c'est d'avoir mo ralement détruit l'esclavage sans donner la liberté aux esclaves, d'avoir fait retentir aux oreilles de ces derniers ces mots : Aucune terre française ne peut plus porter d'esclaves, alors qu'on n'était pas ou qu'on ne se croyait pas en mesure de satisfaire l'impatience qu'on allait surexciter par ces mots. Il était évident pour tout le monde que la proclama tion de la République faisait une nécessité de hâter l'affranchissement général ; il ne pouvait y avoir de dissidence sur ce point, mais "nous réclamions une solution complète de la questipn. Nous disions au gouvernement provisoire : « Si vous avez le droit d'émanciper les esclaves, vous avez certainement aussi celui de fixer l'indemnité due aux colons. Ne les laissez pas à cet égard dans une incertitude qui peut produire le désespoir ; assurez-vous, au con traire, leur concours eu vous montrant juste envers eux. Prenez promptement des mesures propres à garantir la société coloniale contre la redoutable perturbation que va y causer l'émancipation ; ne livrez pas la race blanche aux passions violentes qu'un semblable événement allumera infailliblement chez les mulâtres et chez les noirs 5 dirigez le mou vement par l'intermédiaire d'hommes étrangers aux passions locales et choisis de manière à faire res pecter par tous l'autorité de la France. Il est facile dé voir par cela que le but que nous' nous proposions était de fonder l'avenir des eolo-...