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Journal des débats politiques et littéraires, 15 juillet 1893

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Journal des débats politiques et littéraires
15 juillet 1893


Extrait du journal

cher? Si on constate de la mollesse dans l'opinion, du laisser aller, et un peu de cette indifférence naturelle à des gens qui n'attendent rien, on ne saurait s'en étonner beaucoup. Il y a quelques années, le 14 juillet était vraiment une fête nationale, et sur tout une fête parisienne. La joie débor dait dans nos rues; on comptait les fenêtres qui n'étaient pas illuminées. La vie, lé mouvement, la lumière étaient partout. Mais il faut dire que ces ma nifestations étaient secrètement sou tenues par le désir et le plaisir de faire opposition au gouvernement. On le savait médiocrement républicain ; on célébrait les victoires quotidiennes qu'on rempor ; tait sur lui et qui devaient finalement l'a mener à se soumettre et à se démettre. Jamais la population de Paris n'apporte autant d'expansion dans ses manifesta tions extérieures que lorsqu'il s'y mêle un grain d'opposition. L'opposition con sistait autrefois à fêter brillamment le 14 juillet; elle consiste aujourd'hui à ne pas le fêter du tout : de là toute la différence. On aime toujours, chez nous, à donner une leçon au gouverne ment, fût-ce même en se privant d'une distraction et d'un agrément. C'est ce qui s'appelle bouder. Il y a eu un peu de ce sentiment dans la journée d'hier, mais il n'a pas été bien profond. Les murailles sont encore couvertes de placards où des sectaires à l'humeur noire con seillent , enjoignent même aux étu diants et à l'ensemble de la popula tion de s'abstenir de toute participation aux réjouissances officielles. Il y est question de morts à pleurer en attendant qu'on les venge. On y agite le spectre de la révolution sociale. Toutes ces pro vocations sont restées sans effet, ou du moins leur effet a été très limité. Il n'y a eu, sur aucun point de Paris, d'incident grave à signaler. Le quartier Latin, si agité il y a quelques jours, est rentré dans son calme ordinaire : le reste de Paris n'en est pas sorti. En somme, la vraie fête a été à Longchamp, où nos troupes ont défilé, dans l'après-midi de vant le Président de la République avec correction et avec entrain. C'est de ce côté qu'il faut regarder : on y trouve sa tisfaction, confiance et courage. Francis Charmes....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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