PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 15 septembre 1914

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
15 septembre 1914


Extrait du journal

ment, d'immenses quartiers étaient privés de lumière ; on ne put s'empêcher de sen tir un petit frisson. Pour la première fois, l'imminence du péril, l'approche de l'en nemi, d'autant plus redoutable qu'on était sans nouvelles précises, s'imposait à l'es prit. Ace moment, l'amour de la verdure se réveilla chez beaucoup de Parisiens,; on les vit se porter vers les gares avec un im périeux désir de goûter la fraîcheur des bois ou le grand air du large. Ceux qui restaient eurent des heures de. tristesse. Ils se sentaient abandonnés ; les uns après les autres, pour des motifs sou-' vent fort légitimes ; ils . voyaient partir des compagnons sur lesquels ils avaient compté. Les maisons amies se fermaient ; les restaurants se vidaient et, lorsqu'on rentrait le soir, le long des rues désertes, on trouvait un visage étranger, presque hostile, à toutes ces façades mornes, à ces kyrielles de volets clos. • De loin en loin, une lumière brillait comme une veilleuse dans la ville endormie, c'était la fenêtre . « d'un qui était resté». Souvent on n'apercevait que par l'entre bâillement des rideaux la lueur discrète de la lampe; quelquefois les carreaux grands ouverts laissaient voir toute la pièce, une salle à manger avec sa suspension et la vaisselle des bahuts, ou bien encore un cabinet de travail avec les livres de la bi bliothèque, les gravures pendues à la mu raille et un crâne laborieux penché sur le bureau. Chaque soir, aux mêmes heures, on re trouvait'éclairées les mêmes fenêtres et, derrière elles, la famille attablée ou le savant perdu dans son étude. Quelles gens étaient-cc ? On ne le savait point, on n'éprouvait même pas la curiosité de le savoir : mais on se sentait pour, eux un peu de gratitude et une vague tendresse. Leurs fenêtres devenaient des amies. On aurait eu de la peine, de la désillusion à les voir se fermer. Aucune-de ces amies ne s'.est montrée infidèle ;■ on les salue du regard avant de rentrer chez soi. Z....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • ribot
  • vitry
  • breslau
  • millerand
  • mackenna
  • shakespeare
  • anvers
  • botrel
  • paris
  • france
  • leipzig
  • aisne
  • londres
  • angleterre
  • soissons
  • marne
  • lemberg
  • lublin
  • g. l.
  • armée français
  • la république
  • armées françaises
  • parlement
  • m. f.
  • hachette