Extrait du journal

Depuis l'explosion de cet obus dans un métro, laquelle a fait une victime, il ne se passe pas de jour qu'on ne trouve ici ou là quelques-uns de ces dangereux engins. Hier, la récolte du Laboratoire municipal a été particulièrement fructueuse : il a ra massé sur la voie publique, dans des terrains vagues, dans des cours, quarante-deux tor pilles, une bombe, neuf obus, deux grenades, une fusée, deux cents cartouches. Le préfet de police avait pourtant attiré l'attention de la population « sur le grave danger que fait courir aux employés du " service de nettoiement le dépôt d'engins dans les poubelles et les égouts ». Il avait également pris soin de rassurer tous ceux qui gardent de tels souvenirs, en leur dé clarant qu'aucune poursuite ne serait exer cée contre eux, et « qu'ils pouvaient s'en débarrasser sans s'exposer à des pénalités, soit en les déposant au Laboratoire muni cipal, soit en en demandant l'enlèvement à cet établissement 011 au commissariat de police du quartier ». Quelques personnes ont suggéré qu'il se rait peut-être possible de simplifier encore ces formalités, en autorisant le détenteur à porter lui-même les engins qu'il possède au commissariat. Mais nous ne pensons pas que cela soit possible. C'est précisément parce que ces objets sont dangereux qu'il faut en réserver le maniement aux spécialistes. Et c'est ainsi que s'explique l'intervention du Laboratoire municipal. Ce qu'il importe; c'est de convaincre le public qu'il s'agit là d'une question très sé rieuse, d'une question de sécurité, et qu'il ne doit demeurer indifférent ni au péril qu'il court lui-même en touchant à. ces en gins, ni à celui qu'il fait courir aux autres en les déposant n'importe où, comme s'il s'agissait de vieilles boîtes de conserve ou d'assiettes cassées....