Extrait du journal

Nous avons reçu la lettre suivante : Monsieur le directeur, La crise financière britannique actuelle a donné lieu et continue à donner lieu à de pénibles polémiques de la part de la presque totalité de la presse d'outre-Manche. Celle-ci voit dans la France le principal artisan de ses maux et accuse notre pays de drainer l'or de la Banque d'Angleterre. Il est, certes, regrettable de voir l'opinion publique d'un pays ami égarée de la sorte; nous n'y pou vons malheureusement pas grand'chose, la préoccupation essentielle de la presse an glaise, à l'heure actuelle, semblant être de ne dire à ses lecteurs que les choses suscep tibles de leur faire plaisir : l'accueil assez frais rencontré par le rapport May dans certains journaux en est une preuve nouvelle. J'ai été surpris de rencontrer en France des personnes cultivées, mais non spécialisées dans les questions financières, prêtes à épou ser la thèse de la presse britannique, ou, du moins, ne s'expliquant pas pourquoi la France n'avait pas mis un frein aux impor tations d'or anglais. Et je me suis demandé si la raison .d'être de cet état de choses ne devait pas être re cherchée dans ce fait que lès articles les mieux documentés des journaux ne sont pas accessibles à la majorité des lecteurs, qui ignorent l'A. B. C. des questions financières. Pour ne vous citer qu'un exemple, j'ai cons taté qu'à l'exception des personnes dans les affaires, on n'a généralement, dans le public, que des notions très vagues sur le taux de l'escompte. Je me garderai du reste bien d'en faire grief à qui que ce soit, les questions de ce genre étant incontestablement du do maine des spécialistes. Seulement, j'ai pensé qu'un organe comme le Journal des Débats, avec sa haute autorité, pourrait donner l'exemple en définissant et résumant brièvement les données essentielles du problème....