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Journal des débats politiques et littéraires, 16 octobre 1931

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Journal des débats politiques et littéraires
16 octobre 1931


Extrait du journal

Les élections cantonales ne devraient pas avoir un caractère politique, surtout un ca ractère politique dominant. Il est manifeste que les partis extrêmes essayent de le leur .donner, dans l'espoir de préparer les élections législatives du printemps prochain, pour les quelles ils ont besoin d'une atmosphère trou blée. Il n'y a pas à leur laisser libre le ter rain de manœuvre. M. Maginot a eu grande ment raison de les y suivre et de montrer cc que signifiait pour le pays un retour offensif du socialisme, soit qu'il fût à la tête du gou vernement, soit qu'il en fût l'inspirateur. Il ne faut pas croire qu'il est inutile de rappeler ce qui est censé connu de tous. L'oubli fait vite son œuvre à notre époque : tout va vite, le passé le plus récent tombe presque immé diatement dans l'ombre. Il y a déjà beaucoup d'électeurs pour qui la crise financière .de 1926, où nous avons failli sombrer et dont nous ne nous sommes tirés qu'avec le franc, à vingt centimes, est déjà de l'histoire an cienne. Les socialistes pourtant n'étaient pas au pouvoir; ils se contentaient de tirer les ficelles du pantin radical-socialiste, qui ne pouvait tenir debout sans leurs voix, et leurs voix se faisaient payer cher. C'est nous qui avons payé. Nos moyens, demande M. Magi not, nous permettent-ils de recommencer cet te expérience? L'Angleterre, plus riche que nous, sans territoires dévastés à restaurer, ayant perdu moins d'hommes au cours de la guerre, n'a pu résister aux dégâts commis en deux ans par un ministère travailliste. La livre y a perdu sa virginité. « Le socialisme à la tête d'un pays, conclut M. Mâginot, c'est l'arrêt du travail, la baisse de la monnaie, la misère. » La preuve en est faite, ajoute le ministre. Elle est même faite plutôt deux fois qu'une. C'est pourquoi le devoir de tous ceux qui réfléchissent, qui voient monter la marée des difficultés, est tracé. Ils doivent « fermer les oreilles aux promesses, ouvrir les yeux aux réalités ». Us doivent voter, cc que trop sou vent négligent de faire d'excellentes gens, sous .-prétexte qu'ils « ne font pas de politi que ». Il ne s'agit pas de faire de la politique, au sens misérable du mot, Il s'agit d'appor ter son concours à une œuvre de salut public en écartant les hommes et les partis qui re fusent de voir le danger que court la société civilisée ou qui ne sont pas fâchés de le voir. A ceux qui trouveraient excessif de parler de salut public, M. Henry Chéron répond dans une lettre qui s'adresse à d'autres qu'à ses électeurs de Lisieux. M. Henry Chéron ne plaide pas pour son saint; ce n'est pas sa réélection qui est en grand danger. C'est l'avenir, le nôtre et celui des autres pays qui donnent avec nous le spectacle du travail, de l'ordre, du respect des droits de chacun. Si la France fait meilleure figure que beau coup d'autres, ce n'est pas à dire qu'elle puisse se flatter d'être épargnée par la crise générale des affaires et des changes. Quand nous éprouvons le besoin de garanties de sé curité, il ne s'agit pas seulement de la sécu rité des frontières. La sécurité de la vie quo tidienne exige aussi notre attention. L'insta bilité du monde actuel encourage les crimi nels espoirs des ennemis de tout ordre social et national. « Il n'y a pas, avoue M. Chéron, un homme de bon sens qui ne se demande comment cela finira. » Chez un homme dont l'optimisme est peut-être la qualité maîtresse, une telle déclaration mérite qu'on s'y arrête. Les compatriotes de M. Chéron ne sont pas des hommes à qui il faut des phrases à effet. « La France, ajoute l'ancien ministre des finances, est, à l'heure actuelle, le plus grand espoir d'un monde en péril. Elle n'a pas le droit de se tromper. » Le peuple est souve rain; qu'il agisse en souverain conscient de son devoir. Cc n'est pas l'heure de « la poli tique de village ». ,11 faut donc voter, et voter en pensant qu'il s'agit d'un acte de haute portée. Nul, fût-il le plus égoïste, le plus humble ou le plus désintéressé des hommes, ne peut se croire à l'abri de la menace qui pèse sur l'humanité» *...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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