Extrait du journal

La tâche la plus difficile des hommes de •gouvernement et des chefs d'armée dans la période actuelle, c'est de comprendre leur temps et de ne pas agir uniquement en féne tion d'un enseignement passé et d'une expé rience périmée. Nous vivons une époque de transition dont le courant nous entraîne vers des horizons vagues, mal définis. Nous igno rons s-'il s'agit d'un progrès ou d'un recul ; peu importe d'ailleurs. Il s'agit d'abord de vivre. Cette guerre n'est qu'un maillon dans la chaîne des événements, une heure d'orage dans le cours du temps. L'important est de ne pas succomber dans la tempête et d'en sortir aussi peu affaiblis que possible. Pour cela, il faut comprendre, et pour comprendre c'est devant soi qu'il faut fixer les yeux, non derrière. La guerre que nous faisons depuis quatre mois ne se poursuit pas sur les champs de bataille ; elle se pour suit tout de même. A quelque allure que ce soit, elle avance vers son terme. Cette allijre, c'est nous qui la réglons. Quand nous disons que nous avons adopté une attitude d'attente, ne nous trompons pas nous-mêmes. Si nous ne faisions qu'attendre les batailles -futures, autant vaudrait capituler tout de suite. Nous faisons la guerre en 1939; acceptons-le trac bonne fois et ne nous étonnons pas indéfini ment qu'elle 11c soit pas la guerre de 1914, encore moins celle de 1870. On nous enseignait, quand j'étais à l'Ecole de guerre, qu'il n'y avait ,à la guerre que des cas particuliers ; i'eiisêigiiement était basé sur cette vérité d'expérience et c'est ainsi que s'expliquait le : « De quoi s'agit-il ? » du maréchal Focli, alors professeur de,tac tique, générale. Même entre militaires, .nbus' sembious; l'oublier constamment. Aucune expérience passée ne vaut complètement ,à |a guerre. Les opérations de Pologne, qui nlotit été qu'un prologue, n'ont de valeur absolue d'enseignement actuel que dans les plaines de Pologne ; le cas de la ligue Siegfried...