Extrait du journal
La presse française n'a pas été auto risée à commenter, fût-ce de la façon la plus sobre et la plus objective, le discours du comte Ciano. Nous n'avons qu'à nous incliner. Mais certaines réflexions d'ordre très général sont sans doute permises sur les méthodes qui peuvent le plus utilement servir la cause pour laquelle nous travail lons tous, censeurs et censurés. Le moment viendra où l'on reconnaîtra que le système du silence total n'est peut être pas le meilleur qu'on puisse imaginer. On ne saurait dire, croyons-nous, que le crédit que peut avoir au dehors la presse française et qui n'est pas sans avoir une certaine importance, soit augmenté par cette méthode. Quant au public français, peut-être a-t-il quelque raison de penser qu'on ne le traite pas absolument comme il le mérite. Nous ne supposons pas que ces quelques réflexions puissent être in terdites. On a toujours le droit d'appeler l'attention des autorités souveraines sur certains aspects de décisions par trop simples, et de leur demander d'y réfléchir. Ni l'ennemi ne peut être renseigné par là sur des faits qu'il y a lieu de garder se crets ni le moral du pays être atteint. Un organe toutefois a pu publier hier quelques lignes au sujet du discours du comte Ciano. Nous avons donc le droit de les reproduire et nous croyons utile de les citer. Dans le journal Paris-Soir, on lisait donc ceci, les deux premiers para graphes étant précédés du titre: « La Finlande et l'ltalie » et les deux suivants de celui-ci : « Un silence qui a surpris. » « Il y a quelques jours, à Rome, les étudiants se rendaient en foule devant la légation de Finlande pour y acclamer la vaillance d'un petit peuple en lutte contie I!agresseur. Des manifestations analogues avaient lieu à Milan et dans d'autres villes. Elles se poursuivirent même plu sieurs jours. » Les dépêches d'Amérique signalaient l'étonnement éprouvé dès lors aux EtatsUnis lorsque l'on apprit que, dans son discours à la Chambre des corporations, le comte Ciano n'avait prononcé aucune pa role pour condamner l'agression soviéti que. » Ce silence du ministre des affaires étrangères n'est pas un des éléments les moins remarqués de son exposé, l'opinion américaine étant particulièrement sensible à tout ce qui concerne l'odieuse agression de 180 millions de Russes contre 3 mil lions de libres Finlandais. » Cette discrétion surprenante de Rome est généralement interprétée outre-mer comme l'indice que, pour ne pas se dépar tir officiellement de la neutralité, l'ltalie ne fera rien qui puisse troubler ses rap ports avec le Reich. » Ces remarques sont fort judicieuses. Il est probable qu'elles 11e sont guère dif férentes de celles qui étaient faites ail leurs et qui avaient sans doute essentielle ment pour objet de faire ressortir, en termes modérés, la surprise causée par le fait que, dans le discours en question, au cune conclusion n'était tirée de l'action bolcheviste en Europe et de son associa tion avec celle de l'Allemagne. Ce fait, remarqué aux Etats-Unis, a été noté par notre confrère et a ainsi été signalé à ses lecteurs français. Nous n'y voyons qu'avantage. Par prudence, ne sachant pas quelles consignes, sont aujourd'hui applicables, nous nous bornerons à cette citation et aux réflexions sommaires qui l'ont précé dée. Nous ajouterons toutefois que, dans des limites convenables, une certaine li-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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