Extrait du journal

il y avait, a mon avis, cinquante à soixante mille Italiens en Espagne; au printemps de 1938, il y en avait une trentaine de mille; à l'heure actuelle, il y en a de quinze à vingt mille. Quinze à vingt mille Italiens • au sud des Pyrénées représentent-ils une force de taille à nous faire trembler ? Ils se noient dans une armée de sept cent à huit cent mille Espagnols, aujourd'hui de tout pre mier ordre. Si jamais nous devions avoir un conflit avec l'Espagne, ce qu'à Dieu ne plaise ! c'est de cette armée-là qu'il faudrait s'inquiéter, non pas d'une division italienne. Qu'ont fait les Italiens en Espa gne ? A les entendre, tout ! A en tendre quelques Espagnols, rien ! La vérité est entre les deux. Les Ita liens se sont battus en Espagne en braves soldats, et ils ont été dirigés par des chefs très distingués. Mais ils n'ont fait que ce que leur effectif leur permettait de faire. Quand ils se sont trouvés quinze mille, dans une armée de trois cent mille hom mes, ils y ont tenu un front corres pondant à leur nombre; ils l'ont d'ailleurs fort bien tenu, mais ils ne pouvaient pas faire que leur impor tance ne fût proportionnellement très réduite. Il suffit d'appliquer correctement la règle de trois pour apprécier la grandeur de leur rôle. Malheureusement, personne, par toutes les sottises qui ont été dites en France sur leur compte, ne leur a fait plus de publicité que nous. Les Italiens ont contribué pour leur part à la prise de la Catalogne, pour leur part seulement, qui était petite. A vrai dire, la tâche a été facile. La Catalogne n'a pas été dé fendue. L'armée rouge a cédé sans combattre. Non pas que le nombre lui manquât, encore moins le maté riel. Du nombre, on a pu juger par tout ce qui a passé la frontière, et ce ne fut qu'une partie. Quant au matériel, il suffit de descendre dans lés souterrains du Métropolitain" de Barcelone pour apprécier la quantité d'armes et de munitions non em ployées dont disposait l'armée répu blicaine. On y voit rangées et amon celées sur plusieurs kilomètres de long des caisses intactes de poudre et de munitions. On peut même lire sur certaines de ces caisses qui ont franchi la frontière française cette étiquette, d'une ironie cruelle : « Lait la bonne nourrice. Aliment complet ». Elles renferment des lots ' de poudre. Du matériel ainsi resté en vrac, il y en a partout en Cata- j logne....