Extrait du journal

Pélersbourg , 23 mai. Voici comment, on s'explique le prompt retour de l'Empereur de son voyage dans les colonies militaires. Peu après le départ de S. M , Ïïalil-Pacha aurait remis à M. de Nesselrode des dépêches qu'il pré tendait avoir reçues tout récemment de Conslantinople, et qui con tenaient une lettre autographe du Sultan à l'Empereur Nicolas. Celte lettre énonçant de nouvelles protestations solennelles des dis positions les plus amicales , se terminait par la déclaration franche , « qu'exiger de lui une contribution de 10 millions de ducats , c'é x tait lui mettre le couteau sur la gorge. Si la Russie insistait sur ce » point, lui , Sultan, mettrait son Empire sous la protection des » autres grandes puissances de l'Europe , l'Angleterre , la France et » l'Autriche. » Le courrier chargé de ces dépêches arriva à Moscou quelques heures après l'Empereur. Cette circonstance détermina a abréger son séjour dans cette capitale , et à retourner de suite à Pélersbourg. Après une délibération en conseil sur ladite lettre , l'Empereur fit une réponse énergique où il déclarait, qu'il ne vou lait en aucune manière la ruine de l'Empire ottoman ; qu'il avait, au contraire, les plus justes égards à sa situation critique, et qu'ainsi il faisait remise a la l'orte d'une partie de la contribution de guerre stipulée à Andrinople ( on estime cette remise de 3 à 4 millions de ducats); mais que de son côté l'EmpereUr attendait que le restant fût payé sous le plus court délai, de manière que tous les paiemens dus fussent acquittés au plus tard vers la fin dp l'année; qu'enfin les autres stipulations d'Andrinople fussent accomplies pour un terme très prochain (le i,r juillet, <■!•'* on), qu'autrement on aurait recours à des moyens de contrainte. Cette réponse arrivée à Constantinople, aurait été communiquée immédiatement aux ambassadeurs desgrandes puissances, qui, consultés parla Porte, auraient été unanimement d'avis qu'il fallait acquiescer sans délai aux conditions imposées par la Russie , surtout puisque c'était le plus sûr moyen d'obtenir prompteinent l'évacuation totale du territoire turc par les troupes russes. Alors la Porte se serait décidée à négocier un emprunt avec la maison Rothschild. {Correspondant de Nuremberg.)...