Extrait du journal
En général, il faut le dire, car enfin on ne flatte beaucoup que ceux que l'on n'estime guère, car l'es time porte en soi son respect, le grand défaut de cette comédie, si j'ose parler ainsi, c'est de manquer de je ne sais quel relief vigoureux qui nuit, sinon à la grâce charmante des détails, du moins à la vérité de l'ensemble. Quant l'auteur eût taillé à pic son vaudeville, comme on a dit que Louis XIV avait taillé à pic sa monarchie, il aura eu, j'en ai bien peur, la complaisance de consulter quelques amitiés timides, et ces amitiés de salon, retran chées dans le bon goût qui tient à la pruderie, auront çà et là porté leurs sourires mignards et leurs mains gantées sur les parties saillantes de cette co médie. Ce mot ne me plaît pas, Voilà une pan sée risquée! Fumer du vrai tahac, fi donc, mar quis ! En même temps on aura applaudi à outrance les fantaisies les plus musquées; dans ces éloges chers à son cœur, l'auteur aura trouvé, je l'avoue, un avant goût précieux du triomphe qui l'attendait, mais aussi dans ces critiques imprudentes il a laissé beaucoup de sa personnalité puissante. Certes, nous savons bien tous les services que les théâtres de société ont rendus aux beaux-arts, tous les chefs-d'œuvres et tous les grands acteurs sortis de ces gentilhommières à tirades et à couplets , et toqs ceux qui en sortiront ; mais, en revanche, convenez avec ' nous que le beau monde donne plus souvent et plus volontiers «tans le joli que dans le juste. L'envie de plaire, np.US 1? savons, est à l'esprit ce que lq parure est à la beauté ; mais encore ne faudrait-il pas pousser trop loin cette envie de plaire , de peur de tomber dans une coquetterie im pardonnable ! Trop léché, le style perd d?sa vigueur; trop expliquée, l'action dramatique pt'rd quelque chose de sa puissance , en fait de couplets (le cou plet, ce tambour-major du vaudeville) ! Le raffine ment est la pire des affectations; bref, comme le poëte l'a dit justement en songeant aux délicats des plus nobles ruelles, On peut être à la fois et pompeux et plaisant. En un mot, dans quelques unes de ses parties , et j'espère que la postérité sera de notre avis , il nous semble, sauf erreur, que l'auteur a été peut-être un peu trop pompeux et pas toujours, sauf erreur, assez plaisant, Que le poëte une pardonne ces humbles remarques ; elles sont faites dans l'intérêt de sa gloire à venir. Il sait d'ailleurs, mieux que personne, les droits de la critique, et en effet, ne vouloir être ni conseillé ni...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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