Extrait du journal

La Chambre a voté hier le projet de loi qui élève de 3 milliards 500 millions à 4 milliards la limite d'émission des billets de la Banque de France. De la discussion sur le projet lui-même, il n'y a rien à dire : elle a été exceptionnellement médiocre. Les adversaires de la Banque de France ont tenu à prendre la parole, mais ils ne savaient que dire et ils n'ont rien dit. M. Millerand s'est contenté de se faire le saint Jean-Baptiste de M. Pelletan et d'annoncer que celui-ci présenterait les arguments de fond contre le projet de loi. C'est un bien mauvais tour qu'il a joué à son collègue et ami, car M. Pel letan, qui n'avait pas étudié son dossier, est resté fort embarrassé. Il a eu parfois de l'esprit, mais d'arguments jamais. Il a affirmé que cette nouvelle faculté d'émis sion qu'on voulait accorder à la Banque constituait pour elle un immense avan tage dont elle tirerait un grand bénéfice ; mais quand on lui a demandé où était l'avantage et où était le bénéfice, il n'a su que répondre. La vérité, comme nous l'avons expliqué, est qu'il ne s'agit pas le moins du monde d'un avantage pour la Banque, mais d'une commodité pour le commerce, et la Chambre l'a rapidement compris : elle a voté sans grande difficulté l'article unique du projet de loi. C'est alors que le véritable débat s'est ouvert : on croyait tout fini et tout a re commencé. M. Mège s'est ému à l'idée que l'encaisse métallique en or de la Banque de France pouvait diminuer dans des propor tions considérables, et que, à mesure qu'on émettait du papier, l'or devenant inutile ris quait de passer à l'étranger. Ce n'est pas le phénomène auquel nous assistons aujour d'hui. L'encaisse métallique de la Banque augmente, au contraire, et c'est le papier qui devient trop rare. Il en résulte que la Ban-...