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Journal des débats politiques et littéraires, 19 janvier 1893

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Journal des débats politiques et littéraires
19 janvier 1893


Extrait du journal

M. Deloncle a posé hier une question à M. le ministre des affaires étrangères, au sujet des incidents ministériels qui se sont produits en Egypte. Cette question était nécessaire, et M. Develle a en raison de l'accepter tout de suite. Les nouvelles ar rivées à la Chambre dans l'après-midi y avaient produit une émotion aussi vive qu'elle était légitime, et pendant un moment on a oublié les affaires de Panama pour ne penser qu'à l'Egypte et à l'espèce de coup d'Etat que les Anglais viennent d'y com mettre. La diplomatie anglaise, lorsqu'elle est surprise, ce qui lui arrive assez souvent, est habituée à réparer ses défaillances par des brutalités. Cela luiréussit d'autant mieux qu'elle s'éloigne plus de l'Europe, mais en Egypte, pays pour ainsi dire européen, placé sous la souveraineté de la Porte ot tomane et rattaché aux diverses puis sances par tant de liens matériels et moraux, l'emploi de ces procédés n'est pas sans inconvénients. Il y a des situa tions incorrectes qui ne peuvent durer qu'à la condition d'être doucement ménagées et de se faire en quelque sorte excuser : si on veut les brusquer et les violenter, on soulève des difficultés plus ou moins graves et on provoque des rancunes et des haines avec lesquelles un jour ou l'autre il faut inévitablement compter. L'Angleterre, en ce qui concerne ses rapports avec les pays qu'elle regarde comme inférieurs, a fait sou éducation aux Indes : c'est une mauvaise école, et qui, dans tous les cas, ne peut pas impunément être transportée de l'Orient lointain dans la Méditerranée. Le jeune Khédive d'Egypte vient d'être traité comme un simple Rajah. Pourquoi? Parce qu'il a, conformément à son droit, remplacé ses ministres. Si cette détermi nation avait été prise par lui d'une ma nière tout à fait soudaine et inopinée, nous aurions compris, non pas l'in dignation, mais l'émotion de l'Angle terre. En a-t-il été ainsi ? Point du tout. On savait depuis plus d'un mois en Egypte et on y disait couramment que Mustapha Fehmy était devenu impossible. 11 l'était politiquement, il l'était même phy siquement, car sa santé était profondément atteinte et inspirait de graves inquiétudes. La question de son remplacement n'était pas seulement posée, elle s'imposait. Nous ne contestons pas à l'agent général anglais le droit de s'occuper des affaires intérieures de l'Egypte. C'est un droit que nous entendons exercer nous-mêmes dans une certaine me sure ; nous reprochons à lord Cromer de u'a voir rien dit, de n'avoir rien fait, de n'avoir rien prévu, d'avoir pris plaisir à faire durer au delà des limites raisonnables un in capable et un valétudinaire, presque un moribond, et puis, lorsque le Khédive, plus soucieux des intérêts de l'Egypte, a pris un parti devenu inévitable, d'avoir...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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