Extrait du journal

[DE NOTRE CORRESPONDANT] Londres, le 16 juillet. « Messieurs, ce que j'ai dit,, je l'ai dit, je ne retire rien, je ne modifie rien, je ne défends rien. Comme je lis l'histoire, aucun ministre britannique n'a jamais servi fidèlement son pays et n'a, en même temps, été populaire à l'étranger. Je fais la part de.la critique étrangère.- Je 11e suivrai pas l'exemple qu'on m'a proposé. Je ne veux pas •donner de leqons à un ministre étranger, et je n'en accepterai pas de lui. je ne suis respon sable qu'envers mon souverain et envers mes compatriotes. » .. . _ Lé ministre britannique qui s'exprimait ainsi s'appelait Chamberlain Joseph, il 11e faut pas confondre et la règle de conduite qu'il s'était imposée pourrait, avec avantage, être adoptée daris tous les pays. Joseph Chamberlain, d'ail leurs, s'exprimait avec clarté ét n'avait nul be soin d'être expliqué ni par les autres ni par lui même. Son mot : « Ce que j'ai dit, je l'ai dit, » est la meilleure traduction anglaise du vers de Voltaire : « Les éclaircissements sont indignes de moi, » qui devrait aussi être une règle pour les hommes d'Etat, en impliquant que la réflexion doit précéder la parole. Le public anglais et le public français ont eu, ces jours-ci, beaucoup de ces explications qui n'expliquent rien et de ces interprétations qui ne font qu'ajouter à la confusion. Les diplo mates d'autrefois, quand ils avaient des expli cations à se donner,, se les donnaient comme ils travaillaient, dans l'ombre. Mais le cas était rare, parce que ja langue diplomatique n'était pas la langue de. la chicane et qu'elle avait le mérite de dire ce qu'il fallait dire, et clairement. Les ..paroles que prononçait Joseph Chamberlain, il y a une trentaine d'années, devrait être cons tamment présentes à l'esprit des diplomates pé ripatéticiens du vingtième siècle. P. V,...